En
automne, quand je roule en voiture sur les routes de campagne, je ne peux
m’empêcher de lever les yeux pour scruter le ciel. Surtout quand les grands
migrateurs sont là. Rassurez-vous, j’ai l’habitude de m’arrêter en bordure de
la route quand j’aperçois des oiseaux; ma sécurité n’est pas compromise… à
peine disons!
En
me rendant au travail, j’en profitai pour faire quelques détours et je ne mis
pas long à repérer des outardes qui se dirigeaient vers les champs. En les
voyant se poser, elles m’indiquèrent leur position au sol et j’estimai leur
nombre à 400-500 oiseaux, amplement de quoi faire une bonne chasse. Aussi, je
notai la présence d’oies blanches, environ une dizaine de milliers dans un
champ de luzerne situé à 2 km des outardes. Puis je m’en allai travailler.
Au
cours de la journée, je pris deux minutes pour appeler le propriétaire de la
ferme où se trouvaient les outardes pour m’assurer d’avoir la permission, ce
qu’il m’accorda affablement. En discutant avec mon confrère Sylvain L[…], ce
dernier m’apprit que ces outardes se trouvaient exactement au même endroit
quatre jours plus tôt puisqu’il les avait lui-même aperçus. Un « X »
stable est souvent une garantie de succès pour la chasse au champ. J’avais la
meilleure des confiances et j’invitai Jonathan C[…] à se joindre à nous pour le
lendemain.
À
5 h 30 au matin, nous étions donc dans le champ à nous installer avec
bonne humeur. C’est habituellement facile de l’être quand on a la
quasi-certitude de faire une bonne chasse! Mais avant même que le jour ne se
pointe, certains indices commencèrent à nous inquiéter. À la grandeur du champ
et même dans la pièce voisine, du duvet d’oie blanche témoignait que des
milliers d’entre elles avaient probablement fréquenté l’endroit la veille.
C’était de mauvais augure puisqu’il arrive parfois (souvent même) que les oies,
surnuméraires, assaillent les outardes et chassent ces dernières de leurs
champs nourriciers. Les oies, ça n’arrête pas de jacasser et les outardes,
c’est bien connu, aiment la tranquillité!
Le
soleil n’était pas encore levé lorsque les deux premières outardes se
pointèrent. Il est habituel à cette chasse d’avoir un avant-goût de ce qui s’en
vient par la venue impromptue de quelques oiseaux pressés d’arriver au
garde-manger! Ce que nous redoutions alors se produisit, elles continuèrent
leur chemin vers un autre champ qui devait se trouver à 1½ km plus loin. Notre
« X » n’en était plus un.
Les
oies s’amenèrent ensuite par milliers pour s’installer à leur emplacement de la
veille. Puis les outardes suivirent. La plupart du temps, elles nous ignoraient
vertement en continuant leur route. À un moment, un trio décrocha et s’amena
vers nous. Go! Sylvain récolta la première d’un coup, Jonathan récolta la
seconde d’un coup et moi, ben je tirai mes trois coups et la ratai! Je n’ai
aucune excuse à fournir, mais au moins, les réparations sur mon fusil avaient
fonctionné!
Au
terme de la chasse, nous avions récolté 5 oiseaux. Ce n’était pas ce à quoi
nous nous attendions, mais ce fut tout de même une belle matinée.