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samedi 26 avril 2014

Mission dindon! - compte-rendu chasse du 25 avril 2014



Caché sous un cèdre à la lisière du champ, j’épaulai mon fusil avec une extrême lenteur. Un gros dindon mâle s’amenait en courant vers mon emplacement. Il répondait à l’appel de provocation que je venais lancer à son intention. Il semblait évident qu’il venait d’apercevoir les appelants que j’avais placés à proximité. Il gonfla son plumage avant même d’arrêter sa course et se dirigea droit vers l’appelant femelle afin de lui faire voir sa magnificence. Après quelques instants, il résolut de « s’occuper » de l’autre appelant, un jeune mâle en posture agressive. À voir le tom se diriger vers lui, je présageai le pire pour mon appelant! Je visai les caroncules de l’oiseau, la chasse était sur le point d’atteindre son paroxysme...

Cette chasse avait débuté en fait 4 jours plus tôt. Le 21 avril, je profitai de la journée de congé pour prospecter mon territoire de chasse. Chemin faisant en pleine nuit, je songeais au terrible hiver que la faune avait eu à endurer et qui semblait ne jamais vouloir se terminer. Dès les premiers moments de clarté, force fut d’admettre que la mortalité hivernale avait atteint des sommets inégalés. Selon mes observations par rapport aux années antérieures, j’estimai que les trois quarts du cheptel avaient dû périr… Triste!

J’arrivai néanmoins à repérer ici et là quelques groupes de survivants. Une nouveauté à la règlementation pour 2014, la limite de prise avait été augmentée à deux oiseaux par chasseur. Dans mon esprit, il était clair à ce moment que je me contenterais d’un seul dindon même si l’occasion se présentait d’en récolter un second. Si les gestionnaires de la faune au Québec sont des irresponsables, les chasseurs ne sont pas tenus de l’être eux aussi!

Le jeudi 24 avril, mon anniversaire(!) et la veille de la journée d’ouverture, je quittai le confort de mon lit à 3h dans la nuit pour une seconde prospection. Je tenais à être sur place dès les premières lueurs de l’aube afin de voir où se trouvaient les dindons aperçus plus tôt dans la semaine. J’en repérai quelques groupes, mais je jetai mon dévolu sur un en particulier qui comprenait 6 femelles et 1 mâle mature. Comme j’avais toute la journée devant moi, j’allai discuter avec l’agriculteur chez qui j’avais déjà chassé en 2013. Je l’avais contacté plus tôt au cours de l’hiver pour réitérer ma demande, ce qu’il m’avait accordé volontiers. En discutant avec lui, il m’apprit que son père avait toutefois donné la permission, dans la semaine, à deux autres chasseurs, mais que ceux-ci avaient ciblé d’autres terres… J’allais donc devoir être vigilant pour m’assurer de ma chasse du lendemain.
Les dindes faisant une courte sieste tandis que le dindon les embête avec sa parade amoureuse!

Vers les 9 h, les oiseaux entrèrent en forêt sans doute pour se mettre à l’abri du vent qui soufflait très fort ce jour-là. Comme c’était mon anniversaire, je m’offris un dîner au restaurant du village! Je revins vers 14 h et les 7 dindons se nourrissaient à nouveau dans le champ. En sachant qu’ils seraient convoités par d’autres chasseurs, je décidai de demeurer en bordure du champ tant qu’il le faudrait, c’est-à-dire jusqu’à la noirceur! Pendant 6 heures consécutives, je surveillai « mes » dindons...

Par chance!

En soirée, un premier chasseur s’amena pour me dire d’un ton directif qu’il chasserait là le lendemain. N’aimant pas le conflit, je lui suggérai poliment d’aller en rediscuter avec le propriétaire. Il n’insista pas et joua plutôt la carte de la pitié en me disant qu’il n’avait de disponibilité pour la saison que la journée de l’ouverture… Pour l’aider, je lui suggérai un autre endroit non loin où j’avais observé des dindons ainsi que le nom et l’adresse du propriétaire. En guise de réponse, il me dit: « Ben pourquoi tu y vas pas toi? » Je vis donc à qui j’avais affaire et lui dis tout simplement que je ne voulais pas le voir dans mes pattes le lendemain. Il quitta l'endroit l'air dépité

Un deuxième chasseur arriva un peu plus tard et vint directement me voir. Il me demanda si j’avais l’intention de chasser dans ce champ. Devant ma réponse affirmative, il me salua poliment en me souhaitant bonne chasse. Quelle classe et quel contraste avec le précédent!
L'envol du soir. En y regardant attentivement, on peut y voir une dinde en vol...

Vers 19 h 30, j’assistai à l’envolée vers le perchoir. Un dindonnier qui se respecte cherche toujours à savoir avec le plus de précision où se trouve ledit perchoir. Dans ce cas précis, l’arbre choisi se trouvait immédiatement au bord du champ, ce qui me donnait la quasi-certitude que les oiseaux reviendraient dans ce même champ au petit matin. Il arrive souvent que les dindons entrent en forêt en marchant, ce qui entraîne invariablement un flot de questions dans la tête du dindonnier et une nuit de sommeil peu reposante! À mes yeux, l’avantage de savoir où se trouvait le perchoir me permit d’établir par où je ferais mon approche la nuit suivante.

Comme le jour déclinait et que les dindons étaient en lieu sûr, je partis installer mon campement afin de passer la nuit. La température devait descendre à -3°C; qu’à cela ne tienne, j’avais prévu le coup avec ce qu’il fallait de matériel pour ne pas me geler! Une fois ma tente installée, je soupai d’une « canne de beans Clark » puis allai me coucher. Avant de m’endormir, je pris le temps de visualiser ma chasse dans ses moindres détails… Je dormis bien.

À peine six heures plus tard, je défaisais mon campement! Je garai ma voiture en bordure du fameux champ à 3 h 50. Le ciel était constellé et la lune n’était pas encore levée. C’était parfait! Je fis un long détour en marchant le plus discrètement possible. Afin d’éviter la tentation de m’en servir, j’avais volontairement laissé ma lampe frontale dans la voiture! Mon approche était digne d’un maître ninja!

À environ 300m du perchoir, je m’arrêtai et installai avec mille précautions mes deux appelants. C’eut été courir un risque inutile que de m’approcher d’avantage du perchoir. J’entrai ensuite discrètement sous le couvert des arbres pour m’y embusquer. J’enlevai les petites branches sèches qui se trouvaient sur le sol et y étalai tous mes appeaux et accessoires. Il était 4 h 30 et j’étais fin prêt!

La lune décroissante se leva à l’horizon; c’était plus que parfait en plus d’être un magnifique spectacle. C’est toujours un pur ravissement d’assister au levé du jour en nature, je ne m’en lasserai jamais!

À ce moment, j’étais concentré à l’extrême sur la chasse et je visualisais sans relâche les évènements probables. Cette visualisation est plus qu’importante pour le chasseur; elle permet d’atténuer considérablement les effets néfastes du « buck fever ». Je suis un chasseur expérimenté et je connais bien ce phénomène que les non-chasseurs ont parfois du mal à se figurer. À 5 h, le mâle chanta son premier glouglou. J’eus des frissons dans le dos et mon cœur se mit à cogner fort!

À 5 h 10, je me hasardai à jeter un coup d’œil et je le vis qui paradait au pied du perchoir pour impressionner les dindes qui s’y trouvaient encore. Malgré la proximité de ma cachette, je n’avais pas entendu ses battements d’ailes lors à sa descente...

Le lecteur connait la suite des évènements… Le tom était sur le point de s'attaquer à mon appelant... Je pressai la gâchette: BOUM!

À 5h20, ma chasse était terminée!

La scène...
... et le tableau final!
Une cinquième saison de chasse au dindon sauvage pour moi déjà. J’ai acquis une relative expérience à force de me « frotter » à ce gibier spectaculaire. À lire ce récit, on pourrait croire que la chasse du dindon est facile. Il n’en est pourtant rien. Pour parvenir à ce résultat, j’ai consacré beaucoup de temps et d’effort. Je n’ai lésiné sur aucun détail et j’ai chassé de toutes mes forces!

Je tenais beaucoup à réussir cette fois pour mettre un terme à ma triste saison de chasse aux prédateurs. Je suis parvenu à laisser momentanément mes « problèmes personnels » de côté et j’en suis fort aise.
À bientôt pour d’autres aventures, je vais de ce pas faire une sieste rattraper les heures de sommeil manquantes!

Voici comment ça s'est passé...

Le groupe se tenant juste devant le cèdre sous lequel je me cacherais le lendemain...
Genre de choses qu'on peut voir en prospectant!

Un dindonnier plus que satisfait!

lundi 21 avril 2014

Une pause… Je me questionne



Cela fait maintenant quelques années que je tiens ce blogue dans lequel je consigne mes histoires de chasse avec rigueur. Les quelques lecteurs ont peut-être remarqué que ma saison 2013 s’est terminée abruptement à la fin d’octobre. Ce fut effectivement le cas.

Le 25 octobre, c’était un vendredi, marquait l’ouverture de la saison de trappage des animaux à fourrure. J’avais pris congé ce jour-là pour aller tendre mes pièges : 24 pièges no 110 pour le rat musqué et 8 pièges no 220 pour le raton-laveur. Ce fut une belle journée. Dès le lendemain, je retournai sur ma ligne de trappe avec mon petit Geoffroy, 4½ ans, avec moi. Le trappage est une activité relaxe et j’avais hâte d’y aller avec un enfant.

Je me trouvais donc dans l’eau d’un ruisseau jusqu’aux fesses à inspecter mes pièges à rats musqués (Geoffroy me suivait du bord) lorsque mon téléphone vibra dans ma poche. C’était un message texte de Sophie. Je me souviens seulement des mots Eugénie, hôpital, glycémie, diabète…

La Terre venait d’arrêter de tourner. Ce fut un moment très triste et difficile à passer. Le diabète de type 1 est une maladie grave, mais qui se traite toutefois bien. Son traitement implique cependant une refonte du mode de vie et une préoccupation quasi permanente. Je me suis mis en arrêt de travail pour une période de 5 semaines, le temps d’apprivoiser cette nouvelle réalité. En tant que parent, ça m’a ébranlé de voir ma fille dont la santé était parfaite avoir une maladie chronique grave. J’étais très triste…

Bon, les choses se replacèrent. Pas comme avant, l’insouciance avait disparu, mais l’idée avait fait son chemin et je m’étais aperçu que ma merveilleuse Eugénie vivrait pleinement sa vie. J’ai médité longuement là-dessus lors de mon congé. Et ce qui m’a le plus aidé fut le fait d’avoir maintenu mes activités de trappage. Je faisais la tournée des pièges en matinée et mes après-midi étaient consacrés au dépiautage de mes prises. Curieusement, j’aimais beaucoup cette tâche qui en rebute plus d’un. Ma récolte pour cette première saison de trappage fut de 2 castors, 4 ratons-laveur, 6 visons et 26 rats musqués. J’étais bien content de ce résultat! 

J’ai également profité de cette pause pour faire le point sur les autres aspects de ma vie; il y avait un certain nombre de choses que je souhaitais changer et ça m’a permis de les verbaliser. J’en ai fait part à ma Sophie et c’est là qu’elle m’a appris vouloir notre séparation. Ce fut une deuxième tuile sur la tête! Rien ne pouvait la faire fléchir, elle était inébranlable dans sa décision.

J’aurais eu le temps d’écrire plusieurs articles pour entretenir ce blogue, mais je n’en avais plus le cœur. D’ailleurs, j’ai réfléchi à la tournure que je souhaitais possiblement donner à ce site. Visiblement, je n’ai pas atteint mes objectifs du départ et certains de mes amis chasseurs furent même choqués par le nom de mon blogue, me croyant prétentieux. Qui peut les en blâmer?

En 4 ans, j’ai beaucoup changé mon style. Je chassais exclusivement la sauvagine alors qu’aujourd’hui, j’ai ajouté le dindon, les prédateurs, l’orignal, le piégeage et l’archerie. Le chevreuil suivra en 2014 et l’ours éventuellement! Le Maître sauvaginier n’est plus seulement sauvaginier!

Alors que faire? Mettre un terme à ce blogue? Le poursuivre tel quel? En créer un nouveau plus général? Moins de récits et plus de techniques?

J’attends vos commentaires!

P.-S. Je crois pouvoir dire que j’ai été mis à l’épreuve ces derniers temps, mais j’estime avoir une relative résilience à ce stade-ci. J’ai encore plusieurs projets cynégétiques et beaucoup de motivation pour les réaliser!