Ça
faisait longtemps que je n’avais pas chassé le canard. La saison s’achève
presque, mais le beau temps maintient le gibier dans la région. Samedi dernier,
je me suis décidé à aller m’installer sur le bord de la rivière C[…] à
l’endroit même où j’avais fait mon ouverture le 22 septembre dernier.
Le
paysage avait pas mal changé en deux mois, le sol était gelé, l’eau me semblait
plus lourde et surtout, il faisait beaucoup plus froid! Ce jour-là, ou plutôt
devrais-je écrire cette nuit-là, le thermomètre indiquait -7 °C.
Mon
ami Sylvain L[…] vain me retrouver sur les lieux de la chasse vers 5 h 50.
Nous installâmes quelques appelants dans le champ et quelques un à l’eau. Le
courant était relativement fort à cet endroit malgré le faible niveau d’eau
dans la rivière. À un moment, Sylvain me dit : « Regarde, y a quelque
chose qui bouge dans la rivière là-bas! » Les premières lueurs de l’aube
éclairaient à peine le ciel, mais c’était suffisant pour apercevoir un orignal
qui traversait le cours d’eau pour s’en aller en pleine zone résidentielle. Bof!
À cette heure-là, il n’y aurait sans doute personne pour l’embêter!
Les
canards commencèrent à voler avant l’heure de la chasse. Nous nous contentâmes
de regarder passer quelques groupes, dont certains imposants, avant de
commencer à véritablement chasser. Aux premiers moments, nous ne savions plus
où donner de la tête! Un premier groupe arriva et je tirai pour en récolter un.
Sylvain avait eu quelques ennuis avec son fusil.
Au
second groupe, le même scénario se répéta et Sylvain commençait à désespérer. À
la troisième occasion, mon compagnon tira enfin un beau malard mâle qui tomba
loin dans la rivière. Je courus prendre la perche pour aller récupérer l’oiseau
que le courant emmenait déjà rapidement. J’eus du mal à le récupérer. J’étais
dans l’eau jusqu’à la taille, luttant contre le courant avec la perche de 18
pieds (5.5m) à bout de bras quand je parvins à accrocher le canard.
Je
me trouvais en aval de notre cache improvisée quand je vis une bande de petits
canards qui fonçaient à tombeau ouvert droit vers moi. Paf! Sylvain en
atteignit mortellement un qui tomba simplement dans la rivière. Je restai dans
l’eau à attendre que l’oiseau dérive à ma portée. Je le cueilli et eu la
surprise de constater qu’il s’agissait d’un superbe garrot à œil d’or mâle. Sylvain
était très content, cela faisait quelques années que je n’avais pas récolté
cette espèce qui ne fréquente cette rivière que pour sa migration.
Photo: Sylvain Légaré |
Après
mes péripéties aquatiques, je regagnai ma position et retrouvai mon fusil. La
frénésie des premiers moments de la chasse était déjà passée. Nous nous
concentrâmes alors sur un gros malard mâle qui nageait en amont et qui semblait
intéressé à venir rejoindre nos appelants à la nage. Dès qu’il fut à ma portée,
je tirai. Il fut blessé seulement et je courus vers lui pour le coup de grâce.
Malheureusement, il se trouvait déjà loin lorsque le coup l’atteignit. La
récupération n’allait pas être facile…
Ce
fut Sylvain qui s’en chargea. Il mit un bon quart d’heure à revenir avec le
canard en main. Ses bottes étaient percées et prenaient l’eau; il était transi
de froid. Dans ces conditions, la chasse ne peut pas durer très longtemps
d’autant plus que les canards se faisaient rares.
Sylvain
parlait de quitter sous peu quand un groupe de garrots se posa tout près de la
berge en aval de notre emplacement. Pour avoir une chance, il nous fallait
faire une approche rapide en faisant un détour dans le champ. Ce fut au pas de
course que nous y allâmes. Notre effort porta ses fruits par la récolte d’un
second garrot à œil d’or.
Notre
chasse était complétée. Sylvain s’en retourna (se réchauffer) chez lui, tandis
que moi, je ramassai tranquillement le matériel. Je n’étais pas tellement
pressé. Je passai prendre un gruau chez McDonald et allai ensuite me doucher au
centre d’entraînement où je suis abonné.
Pour
le reste de la matinée, j’allai ensuite assister aux funérailles de Simon C[…],
décédé accidentellement à 52 ans sur sa ferme laitière. Simon était le mari de
Louise D[…], une consœur de travail. C’était très triste en cette belle journée
de novembre.
Sylvain et son petit Alexandre |