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mercredi 11 juin 2014

Dans une grange – compte-rendu chasse du 8 mai 2014



Depuis ma chasse fructueuse du 25 avril, le temps avait tourné au froid et à la pluie. Il était convenu que j’accompagne mon ami Jean V[…] pour l’assister dans un second effort de chasse. L’objectif fixé était de tout mettre en œuvre pour que Jean puisse récolter son dindon. Pour ma part, bien que j’eus décidé de m’abstenir de récolter un deuxième dindon si l’opportunité se présentait, j’avais néanmoins mon fusil et je m’en servirais si la chasse de Jean était incertaine.

Le mercredi 7 mai, je devais retrouver Jean à 4 h 30 à l’église du village comme point de départ pour prospecter notre territoire habituel. Fidèle à mon habitude, j’arrivai en avance et en profitai pour rectifier mon habillement; la température était de 0 °C, ce qui était plutôt froid pour cette date. Jean arriva quelques instants plus tard et j’embarquai dans son camion pour nous mettre en quête d’un dindon sauvage!

Au cours des premiers moments, nous n’aperçûmes qu’une femelle en bordure d’un champ. Malgré une météo plus que parfaite et des myriades de petits oiseaux qui chantaient, aucun glouglou ne se faisait entendre… Mon compagnon suggéra alors d’aller « voir » une ferme laitière non loin où il avait récemment obtenu la permission de chasser. Apparemment, une grande quantité de dindons avaient passé l’hiver à piger de la bouffe dans les énormes silos fosse qui jouxtaient la forêt. Le propriétaire lui avait parlé de quelques champs en particulier à voir sans faute.

Il était à peu près 8 h quand le camion s’engagea dans un court chemin forestier qui montait vers l’un de ces champs. Une fois rendu, le relief nous empêchait d’en voir l’étendue. Jean coupa le moteur et ce fut à pied que nous allâmes jeter un coup d’œil. Prudemment, nous avançâmes en mettant un petit bosquet à profit afin de nous dissimuler. Je grimpai sur une grosse pierre pour me donner plus de hauteur et ainsi voir le champ dans toute son étendue. Et ce fut à ce moment que j’aperçus le sommet d’une queue rousse en éventail que les rayons du soleil traversaient. « Voilà notre affaire! » me dis-je en me baissant aussitôt pour ne pas me faire voir. Hélas, j’avais été détecté et nous vîmes plusieurs dindons qui fuyaient en vol vers la forêt. Bon, tant pis pour ceux-là, mais au moins nous savions qu’il y avait au  moins un mâle à cet endroit! L’agriculteur ne nous avait pas menti.

Pour le reste de l’avant-midi, nous arpentâmes les routes de campagne en camion (au moins 200 km…) pour en trouver d’autres, mais en vain. Quel contraste avec l’année précédente où nous en apercevions en abondance!

Découragés quelque peu, nous allâmes dîner au restaurant du village sur le coup de midi. Je n’avais à peu près rien avalé de ma journée (qui avait débuté vers 2 h 30 du matin!) et ce repas me fit le plus grand bien. Après avoir mangé, il nous sembla que la seule chose à faire était de retourner observer le fameux champ de maïs. J’avais remarqué qu’une vieille grange isolée se trouvait en bordure et je proposai à Jean de nous y rendre pour passer le reste de la journée.

C'était un joyau architectural...
Sans grande motivation, nous y retournâmes et Jean gara le camion tout près du bâtiment. Il s’agissait en fait d’une ancienne étable désaffectée, construite toute en bois sur des fondations de pierre; un véritable chef-d’œuvre d’architecture… à l’abandon. Nous en fîmes le tour et visitâmes l’intérieur. Je ne pus m’empêcher d’avoir une pensée admirative pour les paysans de l’époque qui avaient érigé cette cathédrale de la terre! Dans le fenil, s’y trouvaient deux fenêtres orientées vers le champ. On ne pouvait rêver d’un meilleur poste d’observation si jamais les dindons se pointaient à nouveau! Nous allâmes toutefois nous assoir dans l’herbe, sur un promontoire pour observer. D’une position assise, je passai rapidement à une position couchée… Je ne saurais dire combien de temps je dormis… Quand je repris conscience, Jean n’était plus là. Étourdi de sommeil, je me levai et le retrouvai qui dormait dans la montée de grange!

Un peu plus tard et pour tuer le temps, nous pratiquâmes le tir avec ma dernière acquisition; une carabine à air comprimé à haute vélocité! Après cette séance de tir improvisée, nous retournâmes à notre observatoire et ce fut après une quinzaine de minutes (vers les 14 h) que nous aperçûmes trois dindons sortir du boisé

C’était inespéré! Il était temps pour nous de disparaître en retournant dans le fenil de la grange. Quelle situation excellente! Voir sans être vu! Jumelles en main, nous passâmes le reste de la journée et de la soirée à observer les allées et venues des 7 dindons à travers le champ. On y comptait un tom, un jake et 5 femelles. La bonne humeur et l’optimisme étaient de retour et nous eûmes beaucoup de plaisir à peaufiner notre stratégie pour le lendemain! Vers 20 h, Jean repartit chez lui. De mon côté, il était clair que je monterais ma tente dans le fenil même! Au risque de me répéter, quelle situation excellente!

On a déjà vu pires conditions pour la prospection!

Je dormis bien...
Dans ma tente, je soupai d’une canne de « bean » Clark et téléphonai à mes enfants pour leur parler et leur dire que papa passerait la nuit dans une vieille grange abandonnée dans la campagne. Geoffroy me demanda s’il y avait des fantômes, je lui répondis qu’il y en avait probablement, mais qu’ils n’étaient pas dangereux! Je dormis bien.

Jean me retrouva à la grange vers 3 h 50 la nuit suivante. Nous savions approximativement où se trouvait le dortoir, mais nous n’avions pas de certitude à cet égard. Selon la stratégie établie, Jean s’installerait dans un petit bosquet situé non loin de la grange avec des appelants tandis que j’irais à l’opposé du champ le long de la forêt. J’avais questionné mon partenaire pour savoir ce qu’il souhaitait que je fasse si un dindon passait à ma portée. « Tir! Y en a assez pas cette année qu’il faut pas qu’on manque notre coup! » J’étais d’accord.
Jean se cacherait dans ce petit bosquet...
De nos positions respectives (plus de 400m nous séparait), nous pouvions voir à peu près l’ensemble de ce champ au relief pour le moins irrégulier. Nous avions des radios qui nous permettraient de communiquer nos observations.

L’action ne se fit pas attendre. Un premier trio, le tom et deux femelles apparurent au centre du champ; ils étaient passés tout près de moi dans une dépression sans que je puisse les voir. Le mâle paradait à la suite des dindes… qui se dirigeaient lentement vers Jean! Ça augurait bien.

J’observais  sans relâche ces oiseaux quand je fus soudainement surpris par un glouglou tout près venant de ma droite. Deux autres dindes étaient là, à 25m, avec le jake en parade. J’épaulai lentement… Je le mis en joue, le doigt sur la gâchette, le cran de sûreté retiré. Je détournai les yeux pour voir le tom au loin qui s’était encore rapproché de mon ami. Que faire? Je ne pouvais me résigner à faire feu même si c’était ce dont nous avions convenu. Je fis la chose qui me sembla la meilleure, troquer le fusil pour l’appareil photo : « clic! » ça ferait un souvenir!
Pas si bonne la photo! Le jake qui poursuit ses femelles...
De son côté, Jean n’avait évidemment pas vu cette scène. Il avait entendu un 3e mâle chanter derrière lui et toute son attention était tournée vers les oiseaux en approche. Malheureusement, ceux-ci se détournèrent et descendirent dans le champ à un endroit où le soleil dardait. Mon jake et ses dindes les rejoignirent et tout le troupeau se stationna là longuement. Rien à faire, je commençai à regretter mon intérêt pour la photographie!

Vers 7 h 30, les dindons bougèrent, mais pour entrer en forêt… Un petit quart d’heure plus tard, deux oiseaux ressortirent et traversèrent le champ entre nous deux pour mieux regagner le couvert de la forêt. L’espoir fit place au découragement. Une heure passa et le découragement devint résignation. J’entrepris de ramasser mon matériel quand j’aperçus tout à coup un mâle solitaire qui marchait vers Jean. Je devais l’avertir au plus vite avec la radio puisque, de mon point de vue, le dindon le surprendrait par l’arrière. « Jean, si tu dors réveille-toi, y en a un qui rentre derrière toi! » Je n’obtins pas de réponse

Le dindon marchait agressivement vers l’appelant de jake, mais je le perdis de vue derrière une crête. « Merde! Je suis sûr que Jean dort! » J’aurais dû faire d’avantage confiance à mon partenaire puisque quelques instants plus tard, « BOUM! » Il était 8 h 53.

Ma radio résonna : « Thierry? C’est fait mon cher! Viens voir ça. »

Un beau tir à environ 22 m. Jean m’expliqua alors ce qui s’était passé: Il somnolait bel et bien comme je l’avais craint et sa radio était éteinte! Mais le tom, dans son approche, s’était chargé de réveiller le chasseur d’un glouglou méchant! Il s’agissait en fait du troisième mâle que Jean avait entendu et que nous n’avions pas vu la veille! Et la beauté de tout ça, la grange et le camion se trouvaient à seulement une centaine de mètres. Quelle excellente situation!

Cette chasse a démontré que malgré une prospection extrêmement bien faite, nous avons dû user de patience et l’issue aurait très bien pu être complètement différente. Nous prîmes plusieurs minutes pour observer ce magnifique oiseau qu’est le dindon sauvage mâle. Nous transportâmes notre prise et fîmes quelques photos près de la grange pour immortaliser cette chasse unique.
Jean V[...] posant fièrement avec son dindon 2014!




La chasse au dindon peut peut-être sembler facile à prime à bord. Peut-être en effet quand les oiseaux sont abondants, mais en 2014, ce ne fut pas le cas dans mon secteur de chasse. Pour réussir aussi bien, nous n’avons pas ménagé les efforts et nous nous sommes appliqués à chasser de toutes nos forces.

Le propriétaire de la terre et de la grange a été chaleureusement remercié. En 2015, la grange sera à coup sûr notre quartier général! Moi qui me questionnais comment faire participer mes enfants à cette chasse, j’ai trouvé là une partie de la réponse!

 
Encore un bel effort de chasse couronné de succès!