Moins d’une semaine
s’est écoulée depuis la première chasse de cette saison. Cette fois-ci,
Jonathan C[…] a travaillé seul pour la prospection. Après sa journée de travail
du lundi, il s’est rendu dans le secteur de chasse pour faire ce qu’on appelle
dans le jargon, « une tournée des dortoirs ».
Pendant ce temps,
je soupais tranquillement avec Sophie et les enfants lorsque le téléphone
sonna.
—
Thierry, c’est Joe. Es-tu partant pour une chasse demain matin?
—
Sûr que ça pourrait m’intéresser!
—
As-tu déjà chassé dans le champ de la Ferme M[…]? Est-ce faisable d’avoir la
permission?
—
Oui, j’ai déjà chassé là, lui répondis-je, et les propriétaires sont tout à
fait corrects, ils te donneront la permission sans problème.
—
Ah! Je le sais pas, y a pas beaucoup d’outardes dans le champ, est-ce que ça
vaut vraiment la peine parce que je vais être franc avec toi…
Jonathan est
souvent franc avec moi…
—
Crois-moi, ce champ a toujours donné de bons rendements, il est plus que
probable que nous ferons une bonne chasse.
—
En tout cas, je vais lui demander. En plus, j’ai vu une outarde qui portait un
collier, on pourrait essayer de l’avoir celle-là.
J’appelai ensuite
Sylvain L[…] pour l’inviter et convenir du rendez-vous. La nuit serait courte
et la journée longue, mais tant pis, il se trouve que j’aime ça la chasse!
Nous nous
retrouvâmes donc sur le terrain à 4 h 45 dans la nuit. La température
était d’environ 12 °C et le vent du Sud-Est soufflait entre 15 et 20 km/heure.
Puisque j’avais chassé dans ce champ à de nombreuses occasions, je savais
précisément où il fallait installer les caches et d’où les oiseaux
arriveraient. La cinquantaine d’appelants fut disposée selon la méthode
traditionnelle du « fer à cheval ».
Vers
6 h 20, un premier vol d’outardes approcha par l’arrière, se plaça
dans le vent et amorça son approche vers la zone d’atterrissage que nous avions
aménagée. La force du vent fit se placer les oiseaux dans une trajectoire
parfaite et nous en récoltâmes cinq. Tout semblait parfait.
Les deux groupes
suivants toutefois comportaient au total plus d’une centaine de sujets. À notre
grand étonnement, ils allèrent se poser à trois cents mètres de nous. Jonathan
était persuadé, à ce moment, que notre chasse était fichue, terminée et qu’il
ne restait plus d’outarde dans le secteur! Sylvain se sacrifia et, au pas de
course, alla droit sur les outardes pour les effrayer.
Son sacrifice porta
immédiatement ses fruits quand un petit groupe d’oiseaux choisirent nos
appelants comme destination. Deux d’entre eux se posèrent et devinez qui se
trouvait à une quinzaine de mètres? L’outarde au collier! Jonathan donna le
signal et je la récoltai d’un coup alors qu’elle s’était envolée. Sylvain
revint et la chasse se poursuivit de plus belle. Rapidement, nous comptâmes
quinze oiseaux sous la toile quand nous prîmes la décision de plier bagage.
Tandis que j’étais
toujours dans la mienne, mes compagnons sortirent de leur cache et entreprirent
de décharger leur fusil quand je leur criai : « DANS LA CACHE! »
Deux outardes s’amenaient en rase-motte vers notre emplacement. Sans poser de
questions, les gars tentèrent tant bien que mal de se recacher tout en
chargeant leur fusil. Ils avaient agi rapidement puisque les oiseaux qui
remontaient avec vélocité le champ ne se doutèrent de rien. Pan! Pan! Et ce fut la
fin de notre chasse.
Lors de cette journée,
nous avons maîtrisé la technique. Jonathan était très content en raison des
doutes qu’il avait entretenus quant au succès de cette chasse. L’outarde avec un
collier portait également une bague à la patte; ce fut un bonus apprécié pour
moi.
À 9 h, j’arrivai
au bureau. La journée allait être looooooongue!!!
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L'installation en « fer à cheval » |
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Jonathan C[...]. Y aurait-il une bague sur cette outarde? |
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La bonne humeur se lit sur le visage de mon ami Sylvain L[...]! |
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Le tableau final; trois gars heureux! |