Nombre total de pages vues

Bienvenue!

Bonne lecture! N'hésitez pas à consulter les messages plus anciens.

mercredi 23 octobre 2013

Compte-rendu chasse du 23 octobre 2013



Ça faisait longtemps que je n’avais pas chassé la sauvagine!

Avec la chasse à l’orignal à l’arc, puis à la carabine, avec les fins de semaine en famille, j’ai un peu mis de côté les oiseaux migrateurs même s’ils sont plus qu’abondants dans mon secteur de chasse.

Mardi matin, je quittai la maison plus tôt qu’à l’habitude afin de prospecter un peu pour possiblement faire une chasse le lendemain. Je trouvai un champ de maïs fourrager fréquenté par quelques centaines de canards et autant d’outardes. Ce serait parfait! Malheureusement pour moi, l’autorisation avait déjà été donnée à un autre groupe de chasseurs. Pendant ce temps, mon ami Sylvain L[…] prospectait de son côté. Il avait trouvé un champ de maïs à St-E[…] où une bonne quantité d’outardes avaient jeté leur dévolu.

Il m’indiqua les coordonnées exactes et je me chargeai de téléphoner au propriétaire pour lui demander l’autorisation. « J’ai des clôtures électriques et mes vaches sont au pâturage. Si tu refermes les barrières, tu peux y aller sans problème! »

Le lendemain, nous arrivâmes au site vers 6 h. La température était de 2 °C et le vent soufflait de 15 à 20 km/h du sud-ouest. Un temps idéal pour chasser!

Il y avait du relief dans le champ et nous nous devions d’en tenir compte. D’expérience, s’il y a une crête, les caches doivent se trouver derrière pour que les oiseaux en approche les voient au dernier moment. Aussi, un champ de luzerne bordait sans transition le chaume de maïs. J’ai souvent observé que les outardes préfèrent s’y poser les pattes et ensuite se rendre à pied dans le maïs. Nous plaçâmes les caches à la limite des deux champs, tête en bas et pieds en l’air. Les appelants furent disposés en deux branches; une première dans la luzerne serrée contre la lisière et une seconde qui ouvrait large dans le maïs.

Ce fut une bonne stratégie. Une première outarde solitaire s’amena vers 7 h 30. Elle se posa dans l’espace restreint que nous avions laissé dans la luzerne. Exactement ce que nous avions prévu!

Les minutes s’égrenèrent et aucune autre outarde ne semblait vouloir venir. Ce ne fut qu’à 8 h 04 qu’un second groupe de 7 outardes s’amena. Encore une fois, elles s’enlignèrent sur la luzerne. J’étais responsable de donner le signal. « Un… deux… trois… GO! » Sylvain vers la gauche et moi vers la droite. PAF! PAF! Pour mon dernier coup, je me ramenai au centre ou deux outardes se trouvaient encore à portée. Du coin de l’œil, je vis Sylvain faire de même. L’oiseau de gauche que je suivais s’en alla à droite tandis que celui de droite fila à gauche. Devais-je focaliser sur ce dernier ou rester concentré sur le premier? J’optai pour garder le focus sur le premier, tant pis si Sylvain tirait sur le même.

Nous fîmes feu exactement en même temps. PAF! Et les deux outardes tombèrent! De son côté, Sylvain avait eu le même dilemme et était arrivé à la même solution. Six outardes y étaient restées. C’était un surprenant revirement de situation puisque le compte en était maintenant à 7.

Quelques bandes d’outardes et quelques milliers d’oies passèrent dans le secteur sans nous prêter attention. Vers 8 h 25, un troisième groupe d’outardes s’amena. « Sylvain, il ne faut pas qu’on en récolte plus que trois pour atteindre notre quota. » Comme nous craignions d’en récolter plus, nous tirâmes en nous retenant… Seulement deux tombèrent. Il en manquait toujours une…

À 8 h 34, une petite volée d’outardes se présenta. L’heure était avancée et les oiseaux semblaient méfiants. Sans perdre de leur altitude, ils nous survolèrent néanmoins de la droite vers la gauche. Avant qu’ils ne passent à notre portée, nous nous étions mis d’accord sur le fait qu’il fallait tenter le tir sans espérer un second passage. J’épaulai et PAF! Un oiseau décrocha. Le quota était atteint.

En conclusion, ce fut une très belle chasse avec de bons tirs. À 9 h, nous étions assis à notre bureau pour une journée… normale!




Compte-rendu chasse à la perdrix du 13 octobre 2013



Comme l’orignal était tué de la veille, la pression était tombée et j’ai pu consacrer mon dimanche 13 octobre à mes enfants pour les emmener faire une chasse au petit gibier. Puisque Sophie était partie toute la fin de semaine avec une amie faire une razzia de magasinage dans le Maine, j’avais les enfants avec moi au chalet de B[…]-sur-M[…]. La veille, ils étaient patiemment restés avec ma mère sans que je puisse leur accorder une seule minute d’attention. Il est des jours comme ça où l’on voudrait se séparer en deux ou parfois même en trois…

Après le dîner, je préparai Eugénie (8 ans) et Geoffroy (4 ans) en leur faisant revêtir leurs vêtements de chasse et leur dossard orange pour la sécurité. Puis, avec mon père, nous partîmes vers la terre à bois. Ce serait en même temps l’occasion de terminer le ramassage de ce que nous avions laissé en plan la veille lors de la chasse à l’orignal.

Chemin faisant, nous arrêtâmes discuter avec un propriétaire du voisinage qui n’avait pas encore récolté son orignal. En parlant avec lui, il nous dit que, la veille, il avait comptabilisé les décharges de carabine qu’il avait entendues à partir de son site de chasse. Tenez-vous bien, il en avait compté 65! Ça faisait quelques orignaux ça! Je profitai de l’occasion pour lui demander la permission de trapper les castors dans la petite rivière qui coulait chez lui; ça, ce sera une autre histoire!

Nous arrivâmes sur place vers 14 h. Le couvert nuageux de l’avant-midi avait disparu, laissant le ciel complètement ensoleillé; les enfants et moi-même étions beaucoup trop habillés pour cette douce température et nous enlevâmes quelques épaisseurs avant de partir chasser. Mon père quant à lui partit de son côté avec le VTT.

Comparativement à la veille, l’ambiance était on ne peut plus relaxe et les enfants étaient vraiment contents d’être là. Pour moi, ce fut un pur moment de bonheur de voir mon Eugénie et mon petit Geoffroy prendre part avec plaisir à la chasse.

Tout en marchant, je leur expliquai des choses sur la forêt et les animaux qui la peuplaient. Un écureuil roux qui rongeait un cône de mélèze, une piste d’ours dans la vase, un arbuste qu’un orignal avait abîmé de son panache, etc. Pour un père-chasseur, c’était vraiment gratifiant de transmettre son savoir à ses enfants…

Et des perdrix? Nous en fîmes lever 8 sans avoir l’occasion de prendre un tir. Pour ma défense, le tapis de feuilles mortes était remarquablement sec et épais, ce qui nous rendait bruyants à l’excès. Au moins, il y en avait et les enfants maintenaient facilement leur attention.

Vers la fin du parcours, nous arrivâmes à un embranchement de sentiers. À gauche pour revenir vers la route et à droite pour nous en éloigner. Comme les enfants ne me semblaient pas trop épuisés, je décidai d’aller faire un tour vers la droite. À peine avais-je fait quelques pas qu’une perdrix décolla sans que je l’aperçoive.

– Avez-vous entendu? Demandais-je aux enfants. Moi, je l’ai entendue, mais je ne sais pas d’où provenait le son.
– Moi je l’ai vu papa. Me répondit Eugénie en me désignant une direction.
– Et bien s’il y en avait une, il y en a peut-être une deuxième…

Je fis deux pas et comme de fait, une deuxième perdrix tenta de fuir en marchant. PAF! Le coup de feu surprit les enfants, mais sans les effrayer. Dans un dernier soubresaut de vie, la perdrix battait frénétiquement des ailes dans les feuilles mortes. Les enfants purent aisément localiser ce sur quoi je venais de tirer. Je commandai à Geoffroy d’aller la récupérer. Du haut de ses 4 ans, il se dirigea tant bien que mal vers la perdrix morte et s’accroupit longuement près d’elle. Au bout d’un instant, il se retourna va nous en levant le pouce et dit: « Yes! Tirée dans tête !»

Bien entendu, je fis quelques photos. Nous étions tous vraiment contents. Nous nous racontâmes notre version de cette histoire de chasse et au final, nous nous entendîmes sur cette version :

Eugénie a localisé la perdrix, papa a tiré dessus et Geoffroy est allé la chercher.



Un vrai travail d’équipe! Sur le chemin du retour, nous papotions gaiement, la chasse était couronnée de succès! En arrivant au camion, nous aperçûmes mon père qui se chauffait au soleil confortablement assis sur une chaise. Les enfants lui racontèrent l’histoire de chasse avec force détails. Aussitôt le récit expédié, ils pressèrent leur grand-père de les emmener faire une balade en VTT!



Sur le chemin du retour, dans le camion, l’air frais de l’automne avait fait son œuvre; les enfants s’endormirent la bouche ouverte!

Compte-rendu chasse à l’orignal 2013



Le 12 octobre 2013 était la date de l’ouverture de la chasse de l’orignal à la carabine dans la zone géographique où se trouve la terre de mon père. Puisque j’avais manqué mon coup lors de la période pour la chasse à l’arc, c’était pour moi une seconde chance de me mesurer au roi de nos forêts.

La veille, je travaillai ma journée au bureau comme à l’habitude, puis retrouvai mes parents au chalet familial de B[…]-sur-M[…] en soirée. Vers 21 h, je me couchai, fatigué de ma semaine.

J’avais programmé le réveil à 4 h 20 afin d’avoir le temps de nous préparer et de nous rendre sans nous presser vers notre site. Mon père m’accompagnait. Avec la quantité d’orignaux aperçus lors de la chasse à l’arc (7), nous étions pour le moins sûrs de faire une belle chasse. Disons simplement que les attentes étaient grandes!

Lorsque mon père stationna son camion, l’obscurité était quasi totale. Le couvert nuageux bloquait les lueurs du jour naissant. À peine 150m séparaient la cache de notre véhicule. Hélas, un orignal se trouvait sur le sentier et nous le fîmes détaler… Bon, peut-être reviendrait-il prendre son déjeuner dans le bûché!

Il n’en fit rien. À 6 h 28 très précisément, les coups de feu commencèrent à se faire entendre aux alentours. Mais pour nous, le bûché restait désert…

Les heures passèrent et la fréquence des coups de feu s’allongea.  Vers 10 h, pour tuer le temps et pour provoquer les choses, je partis faire de la chasse fine. Sur le coup de midi, je trouvai un orignal, ou plutôt un orignal me trouva. Il était caché dans un bosquet très dense d’épinettes et lança un cri d’alarme « WAARF !» à mon approche que je voulais furtive! Pas de chance pour moi.

Je revins au camion pour casser la croûte. Là, je retrouvai mon père qui m’attendait. Pour l’après-midi, j’allai dans la cache où je somnolai par moment. L’attente était longue. Avec mon téléphone intelligent, je consignai par écrit la liste de choses que j’avais à faire à la maison, puis je jouai quelques parties d’Angry birds! Il est rare d’avoir du temps à ne rien faire alors autant en profiter!

Alors que la journée tirait à sa fin, ma concentration revint et je scrutais sans relâche le bûché tandis que la lumière déclinait. À 18 h 11, alors qu’il ne restait que 20 minutes à la période légale de chasse, j’aperçus enfin un orignal femelle dans la forêt qui se dirigeait vers le bûché. Il se trouvait à plus de 300m de mon emplacement et des branches en quantité faisaient office d’écran. Impossible de tenter un tir d’autant plus que l’animal me faisait face.

Les minutes s’écoulèrent rapidement. Un deuxième orignal, un jeune mâle cette fois, apparut à la suite du premier. Le couvert nuageux assombrissait le ciel et la lumière diminuait très rapidement. Les orignaux me semblaient loin et, dans ma tête, tout n’était plus qu’hésitation. Devais-je tenter un tir ou devais-je quitter discrètement la cache et revenir le lendemain?

À 18 h 22, je pris la décision de tenter un tir, l’occasion ne se représenterait peut-être pas de sitôt et je pensai à mes enfants restés au chalet à qui j’avais promis de les emmener chasser la perdrix. En récoltant un orignal ce soir-là, je mettrais un terme à la chasse à l’orignal pour cette année!

Des deux orignaux, j’optai pour la femelle. Ce choix peut paraître curieux, mais cette décision avait été prise avant même d’avoir les orignaux dans mon champ de vision. Les observations d’orignaux femelles sur notre territoire sont de loin plus nombreuses que les observations de mâles. En optant pour la femelle, je laisserais un mâle sur pied et maintiendrait mes chances de récolte meilleures en 2014 alors que seuls les mâles pourront être abattus.

Lors de cette minute fatidique, la femelle se trouvait à environ 280m. C’était un long tir si l’on considère la faible luminosité du moment. Je n’étais pas vraiment stressé. La carabine bien appuyée sur le rebord de la fenêtre, je visai et appuyai sur la gâchette. PAF!

L’orignal se mit alors à courir rapidement pour s’immobiliser environ 50m plus loin. Je tirai un second coup. PAF! Cette fois, l’orignal tomba!

Sans tarder, je saisis ma radio pour informer mon père qui avait bien sûr entendu les détonations. J’avais bien notai l’endroit où était tombé l’orignal et dis à mon père que j’attendrais qu’il me rejoigne.

En y repensant, je ne pouvais me permettre d’attendre une seconde de plus pour aller retrouvai l’animal. Il ferait trop sombre. J’attrapai mon sac de taille dans lequel se trouvait ma lampe frontale et descendis précipitamment de la cache. En courant vite, je pris le chemin qui longeait le bûché et me rendis à peu près là où je croyais l’orignal tombé. À ce moment, il subsistait un peu de clarté et j’aperçus alors une masse foncée. Je courus vers elle, mais il s’agissait en fait d’une souche renversée.

J’extirpai de mon sac ma lampe pour éclairer l’endroit. Un point lumineux attira mon attention. C’était l’œil de l’orignal qui n’était pas encore mort; le coup de feu était arrivé trop bas et lui avait fracturé les pattes avant. Sans tarder, je lui donnai le coup de grâce pour abréger ses souffrances. J’étais déçu de moi, ce n’était pas un abattage idéal…

Mon père me rejoignit. Je lui contai l’histoire, mon hésitation et tout le reste. Il faisait alors nuit noire. Sans nous attarder, nous allâmes chercher le camion, la remorque et le VTT en vue de « sortir » l’orignal.

Noter principale difficulté fut d’amener le VTT et la remorque à côté de l’animal. J’opérai la scie à chaîne tandis que mon père conduisait le VTT. À 21 h 30, la remorque était enfin attelée au camion avec l’orignal éviscéré dedans. Lorsque nous arrivâmes au chalet, une demi-heure plus tard, nous étions fatigués et affamés! Hélas, notre travail n’était pas terminé; il fallait suspendre la bête à un arbre pour la nuit, lui scier le sternum, la refroidir (et la nettoyer) avec le tuyau d’arrosage et nettoyer les abats.

Une fois tout cela accompli, je pris une bonne douche et un bon souper puis allai me coucher à 0 h 30. Vingt heures d’éveil, j’étais claqué!

Le lendemain matin à 6 h 30, je me levai et avalai rapidement un petit déjeuner avant de remettre l’orignal dans la remorque afin d’aller le déclarer à une station d’enregistrement. Une fois cette obligation accomplie, je me rendis livrai la bête chez un boucher qui la conserverait une dizaine de jours au frais avant de la découper.

Vers 11 h, j’étais enfin de retour au chalet et retrouvai mes enfants avec joie. Je leur consacrai le reste de la journée en les emmenant chasser la perdrix. Mais ça, ce fut une autre histoire!




mardi 8 octobre 2013

Chasser l'orignal à l'arc est tout un défi - récit 2013

Depuis mon expérience de chasse à l'orignal de l'an passé, je m'étais donné comme objectif de réussir en 2013. Pour ce faire, croyez-moi, je n'ai pas ménagé mes efforts et ma préparation. Ce fut sans hésiter que j’ai plongé dans cette aventure puisque je suis un privilégier de la vie; mes parents possèdent un bloc de forêt de 600 âcres. Un véritable P A R A D I S pour l’orignal. On y trouve là une érablière exploitée d’environ 8 000 entailles (qui n’occupent qu’une petite portion du territoire total), une zone de dénudé humide, des forêts denses de conifères et d’autres de forêt mixte. On y trouve aussi des plantations d’épinettes et surtout un vaste bûché exécuté en 2011-2012 qui est un véritable garde-manger et qui draine les orignaux du secteur. D’ailleurs, leur concentration est phénoménale; on trouve des empreintes partout et en quantité telle qu’il serait pratiquement impossible pour un chasseur de « partir » sur une piste. Ça ferait baver d’envie n’importe quel chasseur d’orignal! 

Et le plus incroyable là-dedans, c’est que c’est chez nous!

Revenons à la préparation dont je faisais mention. Depuis le printemps et à de nombreuses reprises, je me suis rendu sur nos terres afin d’y aménager des sentiers qui me permettraient de couvrir le territoire facilement, mais également que les orignaux emprunteraient pour se déplacer. J’ai également aménagé deux salines en plus de celle que mon père tenait depuis de nombreuses années. Toujours pour augmenter mes chances, il me fallait chasser dans la période du rut et ce n’est qu’avec un arc ou une arbalète qu’on peut le faire. Je me suis donc entraîné avec mon arc en tirant quelque 2 000 flèches pendant tout l’été (j’ai bien entendu suivi le cours de chasse à l’arc pour avoir mon permis). Et pour accroître mes connaissances, j’ai lu sur le sujet de la chasse à l’orignal, je me suis efforcé de maîtriser l’appel en pratiquant dans ma voiture et j’ai regardé de nombreuses vidéos de chasse principalement sur YouTube.

L'avant-veille de la chasse, j'allai chercher de l'urine de jument en chaleur chez un agriculteur qui m'avait offert de la récolter (Dieu merci!). Sa jument était tout ce qu'il y a de plus en chaleur, je ne pouvais trouver mieux dans aucun commerce.
Elle était tout ce qu'il y a de plus en chaleur!
Puisqu’il fallait être deux chasseurs qui font équipe pour pouvoir récolter un orignal, mon partenaire pour l’occasion fut mon ami Sylvain L[…]. Mon père, qui n’a pas suivi le cours de chasse à l’arc ou l’arbalète, ne pouvait être de la partie.

28 septembre – jour 1
Nous partîmes du chalet à 5 h 15. Il fallait compter 35 minutes pour nous rendre sur place. Le ciel était étoilé et la température était de 4 °C. Dans le plus grand des silences, nous allâmes nous poster, moi à la vieille saline et Sylvain dans un vieux chemin forestier. Outre les empreintes au sol, il n’y eut aucun signe d’orignaux. Vers 8 h 30, je retrouvai Sylvain. En marchant tranquillement, je lançai quelques appels de femelles en œstrus. Je n’obtins pas de réponses. Vers 10 h, la température était vraiment trop chaude (>20 °C) pour espérer voir un orignal en déplacement. Comme c’était la première journée et que cette température devait perdurer toute la semaine, nous convînmes d’arpenter le territoire afin de savoir où se cachent les orignaux par une telle chaleur.

À 14 h, nous finîmes par voir un orignal mâle dans une cédrière ombragée. Trop loin pour tenter un tir, nous l’avons vu  se détourner et fuir tranquillement dans les broussailles. Il était couché sur le sentier et s’était levé pour venir à notre rencontre quand il nous avait entendus. Il était couché sur un lit de mousse (l’eau nous montait à la cheville quand nous y marchâmes). Il se tenait au frais!

De retour à la voiture vers 16h, je demandai à Sylvain de retourner au chalet et de laisser tomber la chasse du soir; j’étais vanné et les filles nous attendaient là-bas avec les enfants. Ce fut une agréable soirée.

29 septembre – jour 2
Au petit matin, nous décidâmes de chasser ensemble dans un dénudé humide, non loin de l’endroit où nous avions aperçu le mâle de la veille. Il y avait un nombre incroyable de couches d'orignaux dans les hautes herbes. À la barre du jour, je lançai plusieurs appels de femelle orignal en œstrus. Le paysage était vraiment superbe et y voir un orignal ne nous aurait pas surpris le moins du monde. Cependant, il fallait croire que mes appels n’étaient pas entendus, car nous n’obtînmes aucune réponse.
Exemple de couche dans les hautes herbes.

Cette fois, il ne fut pas question de passer la journée sur place. Nous retournâmes au chalet dîner avec nos familles. Comme on était dimanche, les filles s’en retournèrent, nous laissant l’opportunité de siester tranquillement pendant l’après-midi. Cela me fit le plus grand bien et ce fut dans un très bon état d’esprit que nous retournâmes en forêt pour la chasse du soir.

Pour maximiser nos chances, nous nous séparâmes; Sylvain irait surveiller le bûché nouveau tandis que je suivrais un vieux chemin forestier qui descendait (vers la fraîcheur!)

Vers 17 h 20, je fis une séance d’appel. J’écoutai attentivement dans l’espoir d’entendre une réponse. Rien. Au bout de quelques minutes, je repris ma marche et ce fut à ce moment que j’aperçus l’arrière-train d’un orignal (probablement une femelle) qui prenait la fuite à environ 65 m de moi. Bon, c’était encourageant malgré tout.

La fraîcheur du soir tombait tranquillement sur la forêt. Contemplatif, j’admirais les couleurs de l’automne en respirant l’air pur. Un gros oiseau gris vint se percher non loin. Une chouette rayée! En voyant bouger mes mains, elle vint se percher juste en haut de moi; un spectacle rare s’il en est un, j’avais beaucoup de chance d’observer cette scène.

Sylvain, de son côté, ne vivait pas les mêmes émotions que moi.

Alors qu’il était à l’affut sur la route, il avait aperçu deux veaux orignal qui paissaient le long des andains de branches au fond du bûché. Aussitôt, il avait entrepris une approche. Une carabine aurait mis fin à la chasse, mais l’arc a ses exigences de proximité! Se faisant passer pour un autre veau orignal, il parcourut environ 200 m jusqu’à être à portée de flèche (environ 35m). Il banda son arc et décocha. À l’entraînement, nous maîtrisions avec constance les tirs à une telle distance. Hélas! Sylvain rata. La flèche piqua l’os de la hanche et retomba presque aussitôt de l’animal. Heureusement, la blessure fut sans doute mineure.

Que s’était-il passé? Nervosité, vêtements amples, mauvaise décoche? Nous ne le saurons jamais, mais ce genre de choses arrivent même à un archer aguerri tel que Sylvain.

Sylvain  revint sur la route en se demandant s’il fallait « suivre » le sang. Tout à sa déception, une énorme femelle choisit ce moment pour sortir dans le bûché à une trentaine de mètres de lui. En chasseur responsable, il prit la décision de ne pas tirer sur un second orignal et laissa passer cette occasion en or.

Dans la voiture, nous parlâmes peu. Nous étions déçus, mais à tort. Le tir manqué aurait pu arriver à n’importe qui. Nous avions besoin de sommeil…

30 septembre – jour 3
La troisième journée fut une réplique de la seconde, l’action en moins. Aucun orignal ne se montra le bout du nez. En soirée, de retour au chalet, notre moral était au plus bas puisqu’il ne restait qu’une dernière matinée à notre séjour de chasse.

1er octobre – jour 4
En roulant dans la nuit, j’écoutai pour la énième fois le CD de Michel Breton sur les techniques d’appel de l’orignal. Je notai cependant un détail qui ne m’avait pas accroché auparavant. Michel Breton insistait le fait que les appels devaient toujours être lancés à partir d’un site nourricier. J’en fis part à Sylvain qui me répondit : « Justement c’est ça qu’on va faire ce matin ». Nous avions convenu de chasser dans le bûché.

C’était devenu une routine. En stationnant la voiture, j’attachais mon sac de taille, installais mon déclencheur prenais mon arc et fixais le carquois. En une minute, j’étais prêt à chasser. Nous partîmes à 6 h en marchant tranquillement sur la route qui longeait le bûché. À peine avions-nous parcouru 100 m depuis la voiture qu’un son de femelle orignal nous parvint du fond du bûché, sur notre gauche. Nous n’avons pas de doute…

Je donnais un coup de coude à Sylvain pour lui faire signe de faire demi-tour; un sentier large et bien dégagé de 200m traversait un rond de feuillus matures avant d’aboutir au bûché lui-même. Nous nous y engageâmes silencieusement avec un vent de face. Tout était parfait!

Arrivés de l’autre côté, avant de sortir à découvert, nous tendîmes l’oreille. C’était subtil, mais il nous semblait entendre au loin des bruissements de pas, quelques brindilles qu’on cassait, un panache qui glissait sur une branche…

Après une minute ou deux, je lançai un premier appel de femelle en œstrus. Et aussitôt, WAAARRF! Un rot de guerre! Les cheveux nous dressèrent sur la tête! (Quand j’ai voulu reproduire ce son à Sophie, une fois de retour à la maison, mon petit garçon de 4 ans a fondu en larme tant il était terrifié!)

Revenons à l’histoire. Une femelle orignal parut aussitôt en marchant rapidement vers nous avant de s’immobiliser à environ 100m. Puis nous vîmes le buck qui la dépassa et qui s’arrêta à 70 m environ. Il prêta le flanc pendant quelques instants. Je lançai un nouvel appel de femelle et obtins encore une fois le rot de guerre en guise de réponse. Quel animal gigantesque!

Je fis signe à Sylvain d’utiliser la corne d’orignal à notre disposition pour faire du « rattling » afin de provoquer le mâle et le faire approcher davantage.

Nous n’avons pas passé le test. Les orignaux s’en allèrent calmement. Une mauvaise communication entre nous et des erreurs de débutants. Tout était allé si vite…
Faible luminosité, stress et zoom déployé. Désolé pour la mauvaise photo, mais c'est la seule que je me suis autorisé à prendre!
Sur le coup, nous étions très déçus. Mais d’un autre côté et avec un peu de recul, ce fut un contact extrêmement privilégié avec les orignaux et une méchante décharge d’adrénaline! De retour à la maison, je me questionnai sur la réponse inhabituelle, le rot de guerre, que nous avions entendue. En questionnant mes pairs sur le forum de chasse, on m’apprit que ce son provenait en fait de la femelle qui était jalouse de son mâle. Si j’avais su cette information, je n’aurais pas fait signe à Sylvain de faire du rattling… On ne pouvait revenir en arrière, ce qui était fait était fait. Ne restait plus qu’à retenir la leçon au cas où une telle situation venait qu’à se reproduire.

En résumé, nous sommes revenus bredouilles de notre séjour de chasse. À chasser avec un arc, le niveau de difficulté fut maximal. Le bilan est somme toute positif avec 7 orignaux aperçus. Peu de chasseurs peuvent en dire autant. Restera la saison de chasse à la carabine qui commencera le 12 octobre prochain. C’est à suivre!