Le 12
octobre 2013 était la date de l’ouverture de la chasse de l’orignal à la
carabine dans la zone géographique où se trouve la terre de mon père. Puisque
j’avais manqué mon coup lors de la période pour la chasse à l’arc, c’était pour
moi une seconde chance de me mesurer au roi de nos forêts.
La
veille, je travaillai ma journée au bureau comme à l’habitude, puis retrouvai
mes parents au chalet familial de B[…]-sur-M[…] en soirée. Vers 21 h, je
me couchai, fatigué de ma semaine.
J’avais
programmé le réveil à 4 h 20 afin d’avoir le temps de nous préparer
et de nous rendre sans nous presser vers notre site. Mon père m’accompagnait.
Avec la quantité d’orignaux aperçus lors de la chasse à l’arc (7), nous étions
pour le moins sûrs de faire une belle chasse. Disons simplement que les
attentes étaient grandes!
Lorsque
mon père stationna son camion, l’obscurité était quasi totale. Le couvert
nuageux bloquait les lueurs du jour naissant. À peine 150m séparaient la cache
de notre véhicule. Hélas, un orignal se trouvait sur le sentier et nous le
fîmes détaler… Bon, peut-être reviendrait-il prendre son déjeuner dans le
bûché!
Il
n’en fit rien. À 6 h 28 très précisément, les coups de feu
commencèrent à se faire entendre aux alentours. Mais pour nous, le bûché
restait désert…
Les
heures passèrent et la fréquence des coups de feu s’allongea. Vers 10 h, pour tuer le temps et pour
provoquer les choses, je partis faire de la chasse fine. Sur le coup de midi,
je trouvai un orignal, ou plutôt un orignal me trouva. Il était caché dans un
bosquet très dense d’épinettes et lança un cri d’alarme « WAARF !» à
mon approche que je voulais furtive! Pas de chance pour moi.
Je
revins au camion pour casser la croûte. Là, je retrouvai mon père qui
m’attendait. Pour l’après-midi, j’allai dans la cache où je somnolai par
moment. L’attente était longue. Avec mon téléphone intelligent, je consignai
par écrit la liste de choses que j’avais à faire à la maison, puis je jouai
quelques parties d’Angry birds! Il
est rare d’avoir du temps à ne rien faire alors autant en profiter!
Alors
que la journée tirait à sa fin, ma concentration revint et je scrutais sans
relâche le bûché tandis que la lumière déclinait. À 18 h 11, alors
qu’il ne restait que 20 minutes à la période légale de chasse, j’aperçus enfin
un orignal femelle dans la forêt qui se dirigeait vers le bûché. Il se trouvait
à plus de 300m de mon emplacement et des branches en quantité faisaient office
d’écran. Impossible de tenter un tir d’autant plus que l’animal me faisait
face.
Les
minutes s’écoulèrent rapidement. Un deuxième orignal, un jeune mâle cette fois,
apparut à la suite du premier. Le couvert nuageux assombrissait le ciel et la
lumière diminuait très rapidement. Les orignaux me semblaient loin et, dans ma
tête, tout n’était plus qu’hésitation. Devais-je tenter un tir ou devais-je
quitter discrètement la cache et revenir le lendemain?
À 18 h 22,
je pris la décision de tenter un tir, l’occasion ne se représenterait peut-être
pas de sitôt et je pensai à mes enfants restés au chalet à qui j’avais promis
de les emmener chasser la perdrix. En récoltant un orignal ce soir-là, je
mettrais un terme à la chasse à l’orignal pour cette année!
Des
deux orignaux, j’optai pour la femelle. Ce choix peut paraître curieux, mais
cette décision avait été prise avant même d’avoir les orignaux dans mon champ
de vision. Les observations d’orignaux femelles sur notre territoire sont de
loin plus nombreuses que les observations de mâles. En optant pour la femelle,
je laisserais un mâle sur pied et maintiendrait mes chances de récolte
meilleures en 2014 alors que seuls les mâles pourront être abattus.
Lors
de cette minute fatidique, la femelle se trouvait à environ 280m. C’était un
long tir si l’on considère la faible luminosité du moment. Je n’étais pas
vraiment stressé. La carabine bien appuyée sur le rebord de la fenêtre, je
visai et appuyai sur la gâchette. PAF!
L’orignal
se mit alors à courir rapidement pour s’immobiliser environ 50m plus loin. Je
tirai un second coup. PAF! Cette fois, l’orignal tomba!
Sans
tarder, je saisis ma radio pour informer mon père qui avait bien sûr entendu
les détonations. J’avais bien notai l’endroit où était tombé l’orignal et dis à
mon père que j’attendrais qu’il me rejoigne.
En y
repensant, je ne pouvais me permettre d’attendre une seconde de plus pour aller
retrouvai l’animal. Il ferait trop sombre. J’attrapai mon sac de taille dans
lequel se trouvait ma lampe frontale et descendis précipitamment de la cache. En
courant vite, je pris le chemin qui longeait le bûché et me rendis à peu près
là où je croyais l’orignal tombé. À ce moment, il subsistait un peu de clarté
et j’aperçus alors une masse foncée. Je courus vers elle, mais il s’agissait en
fait d’une souche renversée.
J’extirpai
de mon sac ma lampe pour éclairer l’endroit. Un point lumineux attira mon
attention. C’était l’œil de l’orignal qui n’était pas encore mort; le coup de
feu était arrivé trop bas et lui avait fracturé les pattes avant. Sans tarder,
je lui donnai le coup de grâce pour abréger ses souffrances. J’étais déçu de
moi, ce n’était pas un abattage idéal…
Mon
père me rejoignit. Je lui contai l’histoire, mon hésitation et tout le reste.
Il faisait alors nuit noire. Sans nous attarder, nous allâmes chercher le
camion, la remorque et le VTT en vue de « sortir » l’orignal.
Noter
principale difficulté fut d’amener le VTT et la remorque à côté de l’animal. J’opérai
la scie à chaîne tandis que mon père conduisait le VTT. À 21 h 30, la
remorque était enfin attelée au camion avec l’orignal éviscéré dedans. Lorsque
nous arrivâmes au chalet, une demi-heure plus tard, nous étions fatigués et affamés!
Hélas, notre travail n’était pas terminé; il fallait suspendre la bête à un
arbre pour la nuit, lui scier le sternum, la refroidir (et la nettoyer) avec le
tuyau d’arrosage et nettoyer les abats.
Une
fois tout cela accompli, je pris une bonne douche et un bon souper puis allai
me coucher à 0 h 30. Vingt heures d’éveil, j’étais claqué!
Le
lendemain matin à 6 h 30, je me levai et avalai rapidement un petit
déjeuner avant de remettre l’orignal dans la remorque afin d’aller le déclarer
à une station d’enregistrement. Une fois cette obligation accomplie, je me
rendis livrai la bête chez un boucher qui la conserverait une dizaine de jours
au frais avant de la découper.
Vers
11 h, j’étais enfin de retour au chalet et retrouvai mes enfants avec
joie. Je leur consacrai le reste de la journée en les emmenant chasser la
perdrix. Mais ça, ce fut une autre histoire!
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