Cinq mois se
sont écoulés depuis que je suis allé porter ma peau de coyote au taxidermiste
Éric Bories. Ce dernier m’avait dit d’escompter un délai d’au moins trois mois,
le temps pour lui de tanner la peau.
J’avais mis ça
un peu en oubli, mais la semaine dernière, comme je passais par Vallée-Jonction,
je décidai d’arrêter à la boutique de M. Bories pour voir ce qui en était.
En me voyant, il me dit :
« Tu viens chercher ta peau? Elle est juste ici ». Ça m’a surpris un
peu, je m’attendais plus ou moins à ce que le travail soit effectué.
Éric Bories est un passionné et ça
paraît. Difficile d’entrer dans sa boutique et de ne pas discuter sur tout ce
qui se rapporte à la chasse de près ou de loin! Enfin, après un moment, j’ai
payé pour le service. Il m’en a coûté 45 $ CAN en incluant les taxes, ce
qui, je crois, est un bon prix.
Quant à la qualité du travail, elle
me semble irréprochable. La fourrure est maintenant belle et soyeuse,
contrastant remarquablement avec son état lors de la récolte de l’animal. En
effet, je me souviens avoir été surpris en touchant la première fois le coyote
de la main; sa fourrure était rêche… et malodorante! Éric Bories explique cela
par le fait que l’animal qui vit en pleine nature est « sale et
poussiéreux » et que lors du processus de tannage, le poil est lavé en
profondeur.
De retour à la maison, une question
s’est imposée à moi. Qu’allais-je faire d’une peau de coyote? La mettre au mur?
Au dossier d’un fauteuil? Un tapis? Je me dois aussi d’avouer que je redoutais
un peu la réaction de ma conjointe qui m’encouragerait très certainement à
l’exposer… dans mon établi!
Nous en discutions, elle et moi, depuis quelques
minutes dans la cuisine à la maison lorsque ma fille s’est discrètement
éclipsée avec manifestement une idée en tête. La conversation était légère et
teintée d’humour si bien que nous ne prêtâmes guère attention à son absence.
Quelques minutes plus tard, je m’aperçu que la fourrure du coyote, que j’avais
laissée trainer au salon, ne s’y trouvait plus. Trouvant cela curieux, je
recherchai dans la maison où elle pouvait bien se trouver. Mes recherches
m’amenèrent à l’étage des chambres à coucher. Immédiatement, je vis ma petite
Eugénie dans sa chambre, retouchant avec soin la disposition de la peau de
coyote au pied de son lit. Lorsqu’elle me vit : « Ben quoi? Ça va me
faire une descente de lit! »