Le Maître sauvaginier..: Entraîner la relève avec l'ASGRQ

Depuis 2009, je fais partie de l’Association des sauvaginiers de la Grande région de Québec (ASGRQ). Je suis fier d’en être membre puisqu’elle est très dynamique dans plusieurs dossiers relatifs à la chasse de la sauvagine. Mais ce qui la distingue avant tout, c’est son programme d’initiation pour les jeunes qui veulent débuter à la chasse.

Chaque année, ce programme débute au printemps où les candidats-chasseurs reçoivent, des moniteurs PESCOF de l’Association, la formation de base en vue de l’obtention du Certificat de sécurité dans le maniement des armes à feu (CSMAF). Une fois ce document obtenu par le chasseur en herbe, on le convie à une séance de tir au fusil dans laquelle on peaufine les règles de sécurité en plus de lui apprendre les techniques du tir à la volée. Puis s’ensuit pendant l’été une séance d’observation des oiseaux migrateurs (généralement au Marais Provencher à Neuville). Pour conclure le tout, le jeune chasseur participera à la Journée de chasse de la relève (qui a lieu une semaine avant l’ouverture officielle) sous la supervision d’un parrain.

En 2009 donc, puisqu’on me savait propriétaire de deux îles dans la rivière C[…], les gens de l’Association m’avaient approché pour y amener et parrainer deux apprentis chasseurs, ce que j’acceptai aussitôt. Cette année-là, la journée de la relève était le samedi 12 septembre. La fin de l’été avait été chaude et sèche et comme le moment approchait, l’absence de gibier dans la rivière m’inquiétait. À une semaine de là, j’entrepris de prospecter mon territoire habituel pour y dénicher les canards, ce dont je réussis assez bien. J’obtins la permission de chasser dans un beau petit champ d’orge fraîchement récolté en bordure d’une petite rivière. Il y avait là prêt de 500 canards qui barbotaient tranquillement, ça promettait pour les jeunes qui y viendraient la semaine suivante. Mine de rien, cette prospection a duré quatre jours de recherche et de prise de contact avec les propriétaires terriens.

L’Association m’avait jumelé avec un autre instructeur, le bien connu Kevin Piton. J’étais bien content, Kevin est un gars que j’estime beaucoup. Deux autres apprentis étaient également sous sa supervision.

Le jour de la chasse, je fixai le rendez-vous à l’église de St-L[…] à 3 h 15 dans la nuit. Ça peut sembler tôt, mais puisqu’il y avait un but pédagogique à l’activité, je tenais à ce nous puissions prendre notre temps avant l’arrivée des canards. Les parents des jeunes gens n’étaient pas invités à la chasse et ils eurent à repartir… se coucher! Oui, un des buts est d’amener l’apprenti à voir une autre méthode que celles de son père ou de son oncle…

Une douzaine de minutes plus tard, nous nous trouvions sur le terrain et j’expliquai au groupe mes observations et la stratégie de chasse que j’avais retenue. Tout simplement nous cacher dans la ligne d’herbes hautes qui séparait le champ de la rivière. Pour les appelants, deux douzaines dans l’eau et autant dans le champ furent installés en un rien de temps. Quelques appelants d’outardes et deux mojos vinrent renforcer notre installation dans le champ.

Une fois l’installation terminée, j’invitai tout le monde à s’asseoir pour tenir une discussion. Je racontai la malheureuse histoire des frères Asselin lors d’une chasse à l’oie sur la batture de Beaupré en 2001 qui tourna à la tragédie. Kevin enchaîna avec l’histoire d’un oncle qui, adolescent, avait tiré mortellement sur son meilleur ami. Je ne sais pas si ça les a touchés, mais un fusil de calibre 12, c’est un gros marteau qui fait plus qu’assommer… on ne badine pas avec la sécurité.

La nuit était calme et la température était clémente, sans vent. Un ciel dépourvu de nuage nous permettait de voir la voûte étoilée, mais déjà les lueurs de l’aube apparaissaient à l’horizon. Nous invitâmes donc nos apprentis à prendre place puisque des sifflements d’ailes se faisaient déjà entendre. Les premiers canards à se pointer le firent avant l’heure permise et se posèrent dans le ruisseau. Je m’étais placé derrière mes apprentis tout en leur expliquant comment tenir leur arme pendant l’attente et où faire feu quand ce serait le temps.

Nous n’avons pas eu à attendre bien longtemps. Les canards se pointèrent nombreux à notre portée. Les jeunes chasseurs tiraient allègrement et manquaient souvent leur cible! Malgré tout, le compte monta rapidement à 11 canards sur une limite de 12. Un de mes apprentis éprouvait quelques difficultés à se concentrer sur un seul oiseau. Lorsqu’un nouveau groupe de canards arriva, environ une douzaine, je me plaçai dans son dos et le positionnai correctement pour le tir. Pendant l’approche, je l’invitai à ne suivre des yeux qu’un seul oiseau que je lui désignai au sein du groupe. Je lui donnai ensuite le « Go » et le canard tomba à la première salve. Il était très satisfait, ça se voyait sur son visage!

La limite fut donc atteinte en une heure de chasse. Humblement, ça n’aurait pris que dix minutes si j’avais eu mon fusil entre les mains! Pendant la chasse, je pris plusieurs clichés. Lors de cette chasse, nous avons vu approximativement 1 200 canards se diriger vers notre emplacement. J’étais moi-même impressionné de la quantité d’oiseaux.

J'invite le lecteur à cliquer sur cette photo et à compter le nombre d'oiseaux... C'était une volée parmi d'autres!

De retour à la maison, nous avons procédé à une séance de débitage afin de compléter l’enseignement. À 9 h, tout était terminé, les apprentis avaient eu leur formation. En terminant, je leur mentionnai que la chasse aux canards ne se déroulait pas toujours selon un scénario aussi parfait, mais ça, ce serait à eux de le découvrir!

J’ai éprouvé une très grande satisfaction à agir en tant que parrain, même si j’ai complètement raté mon ouverture la semaine suivante. J’estime avoir bien joué mon rôle et j’ai la certitude que ces jeunes se rappelleront cette chasse leur vie durant.