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dimanche 3 juin 2012

On a tous notre kryptonite - récit de ma chasse au dindon 2012


Cette année à nouveau, j’ai chassé le dindon sauvage. Bien que la saison de chasse ne soit pas encore terminée au moment d’écrire ces lignes, MA saison à moi est bel et bien terminée. Non pas parce que j’ai récolté le gibier tant convoité, mais bien parce que je suis las d’investir temps et énergie… pour cette fois. Ce sera donc partie remise et j’emploierai l’année qui vient à repenser à fond mon approche vis-à-vis cette chasse difficile. J’ai échoué pour une troisième année consécutive et en y réfléchissant, je commence à comprendre pourquoi. Voici mon récit :

Jeudi 3 mai 2012
Après une intense journée de travail au bureau, je rejoignis mon père le plus rapidement possible afin de partir en début de soirée, direction l’Estrie. J’espérais mettre à profit les derniers moments de clarté pour localiser le gibier. En toute fin de journée, les dindons reviennent vers leur perchoir nocturne, une information capitale pour chasser le dindon. Avec un peu de chance, le chasseur verra les oiseaux prendre leur envol vers leur arbre de prédilection. Au matin, le dindon en redescendra pour se poser à l’endroit précis où il aura pris son envol la veille au soir.
Chemin faisant, nous aperçûmes d’abord un groupe de trois jeunes mâles au milieu d’un champ. Puis un mâle qui se dirigeait vers un boisé d’un bon pas. Puis quelques femelles dans un autre champ. Puis encore d’autres! Enfin, il y en avait beaucoup comme je m’y attendais; l’hiver avait été plus que clément et le taux de survie était probablement digne d’un record! À ce moment, j’avais une grande confiance quant au succès de la chasse des jours suivants. Le seul bémol à ce moment, aucun des dindons mâles aperçus ne paradaient la queue déployée. Le moral était bon quand même.

Une fois arrivés à destination, nous installâmes le campement. La journée du vendredi, date d’ouverture de la chasse, serait consacrée à la prospection. Au cours de la nuit, la pluie se mit à tomber de façon soutenue.

4 mai 2012
Au matin, nous partîmes en reconnaissance à pied dans des secteurs différents. Du côté de mon père comme du mien, nous n’avons rien vu ni rien entendu. Pour le reste de la matinée, nous sommes retournés prospecter en voiture.

Après peu de temps, nous repérâmes un champ où trois dindons s’y promenaient en picorant ici et là. Ce champ était bordé par une belle érablière ainsi qu’une plantation d’épinettes; tout semblait parfait pour y chasser. J’allai donc trouver le propriétaire dans son étable pour lui demander la permission, ce qu’il me donna sans problème, me donnant du coup une foule d’information sur les mouvements d’oiseaux qu’il avait observés au cours des derniers jours. C’était très généreux de sa part et nous le remerciâmes chaleureusement.

Nous retournâmes au campement pour faire la sieste de l’après-midi sous la pluie qui n’avait toujours pas cessé. En soirée, nous sommes retournés observer le site si les dindons s’y trouvaient toujours. Il y en avait deux qui s’étaient approchées de l’érablière. Sans les voir prendre leur envol, il était évident que leur perchoir se trouvait là.

5 mai 2012
La pluie avait cessé au cours de la nuit et la température s’était refroidie. Le réveil fut programmé à 4 h 15. Rapidement, nous nous habillâmes tout en avalant quelques bouchées pour ne pas perdre de temps. Quand nous sommes arrivés sur le lieu de la chasse, la noirceur faisait déjà place à la clarté. Pour nous installer, il nous fallait d’abord traverser un champ jusqu’à une belle érablière, longer celle-ci quelques centaines de mètres pour enfin nous embusquer à la lisière de celle-ci.

À peine quelques minutes d’attente suffirent pour qu’un grand oiseau, arrivant de l’érablière derrière nous, vienne se poser à environ 150 mètres de notre emplacement. Au loin, j’entendais une dinde faire le « yelp » avec insistance quand un deuxième dindon a rejoint le premier, mais en marchant cette fois. La tension était palpable… Les appelants étaient bien en vue et les deux dindons se dirigeaient lentement et silencieusement dans notre direction.
Dindon en approche...
Notre déception fut grande quand nous pûmes distinguer le sexe des oiseaux : des femelles. La veille, nous avions aperçu un petit « jake » avec une barbe d’à peine deux centimètres. Jusqu’au dernier moment, nous espérions qu’il en soit ainsi, mais bon. Notre approche avait été parfaite, la descente du perchoir, les oiseaux à portée de tir, mais ils n’avaient pas le bon sexe… Wow! un vrai débutant. Mes lunettes d’approche Vortex 8 x 42 n’ont pas livré la marchandise. C’est facile de mettre la faute sur le matériel, non?!

Enfin, j’étais content de m’être levé quand même, assister au lever du jour est toujours agréable en soi. Puisque nous n’avions pas entendu un seul cri de dindon mâle, nous remballâmes le matériel pour reprendre la prospection en voiture. Il nous fallait trouver un nouvel endroit pour le lendemain et comptions bien mettre à profit les premières heures de la matinée pour ce faire.

C’était une belle journée et la température était agréable. Nous n’avons cependant rien vu de notable. De tous les dindons que nous avons aperçus, aucun mâle n’était en mode « parade ». Comme si la fonte exceptionnellement hâtive de la neige à la fin de février avait contribué à devancer la saison des amours du dindon sauvage. Aux États-Unis, la saison de chasse se déroule généralement un mois plus tôt que la nôtre.

Nous revînmes à notre campement en après-midi et j’en profitai pour faire une longue marche dans les champs et dans la forêt avoisinante. Le printemps est toujours une saison pleine de surprises où la nature sur le point de renaître est magnifique.

À mon retour au campement, nouvelle tuile sur la tête : un tracteur agricole s’amenait dans le champ tout près en épandant du lisier de porc jusqu’à quelques dizaines de mètres de ma tente! Décidément, ce n’était pas une bonne journée.

7 mai 2012
Ce fut avec peu de motivation que nous ramassâmes le campement et partîmes à la chasse vers un site où nous avions aperçu quelques dindons trois jours auparavant. Et de surcroît, nous n’avions aucune assurance de la présence de mâle dans le coin. Mais bon, nous n’avions pas d’autres cartes dans notre jeu.

La lune était pleine et très rapprochée de la terre, phénomène céleste apparemment rare qui faisait en sorte que la nuit était claire et que la vision portait loin. Arrivés sur place, mon père partit d’un côté et moi de l’autre pour multiplier nos chances. Chemin faisant, je lançai un appel de dindon mâle sans trop d’espoir, mais c’est avec surprise qu’un véritable dindon me répondit aussitôt. « Voilà ma chance! » me dis-je.

D’après mes connaissances de ce territoire et d’après la provenance du son, je savais à peu près où se trouvait le perchoir de ce dindon, c’est-à-dire dans un petit boisé dense et entouré de champs agricoles. Lors de mon approche, je passai à proximité d’un autre îlot boisé de forme carrée qui se situait à environs 400 mètres de l’oiseau. Ce fut là, au coin le plus rapproché, que je m’arrêtai pour installer deux appelants : une femelle et un « jake » en parade. Je me cachai rapidement dans un fossé, le fusil en position, pour faire savoir à mon dindon qu’une femelle disposée était là en train de se faire courtiser par un minus! Quelques appels de dinde suivis d’un glouglou de mâle. Les réponses étaient instantanées. À un moment, la provenance du son avait changé. Je fis le silence. Le dindon était descendu de son perchoir et s’amenait vers mon emplacement. L’oiseau était ferré!

Ma position, au fond du fossé, faisait en sorte que mes yeux se situaient légèrement plus haut que le niveau du sol, limitant mon champ de vision à une centaine de mètres à peine à cause du relief. Le dindon devait se trouver sur l’autre versant, car il approchait, j’en avais la quasi-certitude. Pour inviter mon dindon au combat, je fis un cri de mâle un peu agressif. C’est alors que je le vis.

Depuis sa descente du perchoir, moins de deux minutes s’étaient écoulées. Avec en arrière-plan le ciel du jour naissant, je vis d’abord une boule (la tête) osciller rapidement au bout d’un long bâton (le coup). Je fus d’abord surpris par le fait qu’il se déplaçait très vite et qu’il n’approchait pas en paradant pour tenter d’intimider mon appelant. En fait, il semblait juste vouloir venir assouvir sa curiosité puis repartir aussitôt. De fait, il continua sa marche sans faire mine de s’arrêter. Il me fallait prendre une décision et agir vite. Je tentai un tir.

« Boum! » Malheureusement, pour moi 80 verges se sont avérées trop grandes pour la portée de mon fusil. Le dindon indemne se réfugia sous le couvert de la forêt. Mon chien était mort, je n’avais plus rien à faire là.
Source; Google Earth
En revenant au camion, j’éprouvais un intense sentiment d’échec. Je regrettais d’avoir fait feu, peut-être qu’il serait revenu un peu plus tard. Enfin, je ne le saurai jamais…

Voilà qui mettait un terme à ma saison de chasse 2012, j’avais joué toutes mes cartes.

Conclusion
Nous avons vu un grand nombre de dindons au cours de ces quelques journées. Malheureusement, aucun mâle n’était en parade. On aurait dit que la saison de l’accouplement était terminée vu la fonte précoce des neiges cette année. J’ai échoué pour ça, mais aussi pour avoir trop souhaité avoir du succès. Pour être un bon chasseur, il faut savoir se concentrer, se poser. On a tous notre kryptonite… mais je n’ai pas dit mon dernier mot, je vais persister!

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