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mardi 8 octobre 2013

Chasser l'orignal à l'arc est tout un défi - récit 2013

Depuis mon expérience de chasse à l'orignal de l'an passé, je m'étais donné comme objectif de réussir en 2013. Pour ce faire, croyez-moi, je n'ai pas ménagé mes efforts et ma préparation. Ce fut sans hésiter que j’ai plongé dans cette aventure puisque je suis un privilégier de la vie; mes parents possèdent un bloc de forêt de 600 âcres. Un véritable P A R A D I S pour l’orignal. On y trouve là une érablière exploitée d’environ 8 000 entailles (qui n’occupent qu’une petite portion du territoire total), une zone de dénudé humide, des forêts denses de conifères et d’autres de forêt mixte. On y trouve aussi des plantations d’épinettes et surtout un vaste bûché exécuté en 2011-2012 qui est un véritable garde-manger et qui draine les orignaux du secteur. D’ailleurs, leur concentration est phénoménale; on trouve des empreintes partout et en quantité telle qu’il serait pratiquement impossible pour un chasseur de « partir » sur une piste. Ça ferait baver d’envie n’importe quel chasseur d’orignal! 

Et le plus incroyable là-dedans, c’est que c’est chez nous!

Revenons à la préparation dont je faisais mention. Depuis le printemps et à de nombreuses reprises, je me suis rendu sur nos terres afin d’y aménager des sentiers qui me permettraient de couvrir le territoire facilement, mais également que les orignaux emprunteraient pour se déplacer. J’ai également aménagé deux salines en plus de celle que mon père tenait depuis de nombreuses années. Toujours pour augmenter mes chances, il me fallait chasser dans la période du rut et ce n’est qu’avec un arc ou une arbalète qu’on peut le faire. Je me suis donc entraîné avec mon arc en tirant quelque 2 000 flèches pendant tout l’été (j’ai bien entendu suivi le cours de chasse à l’arc pour avoir mon permis). Et pour accroître mes connaissances, j’ai lu sur le sujet de la chasse à l’orignal, je me suis efforcé de maîtriser l’appel en pratiquant dans ma voiture et j’ai regardé de nombreuses vidéos de chasse principalement sur YouTube.

L'avant-veille de la chasse, j'allai chercher de l'urine de jument en chaleur chez un agriculteur qui m'avait offert de la récolter (Dieu merci!). Sa jument était tout ce qu'il y a de plus en chaleur, je ne pouvais trouver mieux dans aucun commerce.
Elle était tout ce qu'il y a de plus en chaleur!
Puisqu’il fallait être deux chasseurs qui font équipe pour pouvoir récolter un orignal, mon partenaire pour l’occasion fut mon ami Sylvain L[…]. Mon père, qui n’a pas suivi le cours de chasse à l’arc ou l’arbalète, ne pouvait être de la partie.

28 septembre – jour 1
Nous partîmes du chalet à 5 h 15. Il fallait compter 35 minutes pour nous rendre sur place. Le ciel était étoilé et la température était de 4 °C. Dans le plus grand des silences, nous allâmes nous poster, moi à la vieille saline et Sylvain dans un vieux chemin forestier. Outre les empreintes au sol, il n’y eut aucun signe d’orignaux. Vers 8 h 30, je retrouvai Sylvain. En marchant tranquillement, je lançai quelques appels de femelles en œstrus. Je n’obtins pas de réponses. Vers 10 h, la température était vraiment trop chaude (>20 °C) pour espérer voir un orignal en déplacement. Comme c’était la première journée et que cette température devait perdurer toute la semaine, nous convînmes d’arpenter le territoire afin de savoir où se cachent les orignaux par une telle chaleur.

À 14 h, nous finîmes par voir un orignal mâle dans une cédrière ombragée. Trop loin pour tenter un tir, nous l’avons vu  se détourner et fuir tranquillement dans les broussailles. Il était couché sur le sentier et s’était levé pour venir à notre rencontre quand il nous avait entendus. Il était couché sur un lit de mousse (l’eau nous montait à la cheville quand nous y marchâmes). Il se tenait au frais!

De retour à la voiture vers 16h, je demandai à Sylvain de retourner au chalet et de laisser tomber la chasse du soir; j’étais vanné et les filles nous attendaient là-bas avec les enfants. Ce fut une agréable soirée.

29 septembre – jour 2
Au petit matin, nous décidâmes de chasser ensemble dans un dénudé humide, non loin de l’endroit où nous avions aperçu le mâle de la veille. Il y avait un nombre incroyable de couches d'orignaux dans les hautes herbes. À la barre du jour, je lançai plusieurs appels de femelle orignal en œstrus. Le paysage était vraiment superbe et y voir un orignal ne nous aurait pas surpris le moins du monde. Cependant, il fallait croire que mes appels n’étaient pas entendus, car nous n’obtînmes aucune réponse.
Exemple de couche dans les hautes herbes.

Cette fois, il ne fut pas question de passer la journée sur place. Nous retournâmes au chalet dîner avec nos familles. Comme on était dimanche, les filles s’en retournèrent, nous laissant l’opportunité de siester tranquillement pendant l’après-midi. Cela me fit le plus grand bien et ce fut dans un très bon état d’esprit que nous retournâmes en forêt pour la chasse du soir.

Pour maximiser nos chances, nous nous séparâmes; Sylvain irait surveiller le bûché nouveau tandis que je suivrais un vieux chemin forestier qui descendait (vers la fraîcheur!)

Vers 17 h 20, je fis une séance d’appel. J’écoutai attentivement dans l’espoir d’entendre une réponse. Rien. Au bout de quelques minutes, je repris ma marche et ce fut à ce moment que j’aperçus l’arrière-train d’un orignal (probablement une femelle) qui prenait la fuite à environ 65 m de moi. Bon, c’était encourageant malgré tout.

La fraîcheur du soir tombait tranquillement sur la forêt. Contemplatif, j’admirais les couleurs de l’automne en respirant l’air pur. Un gros oiseau gris vint se percher non loin. Une chouette rayée! En voyant bouger mes mains, elle vint se percher juste en haut de moi; un spectacle rare s’il en est un, j’avais beaucoup de chance d’observer cette scène.

Sylvain, de son côté, ne vivait pas les mêmes émotions que moi.

Alors qu’il était à l’affut sur la route, il avait aperçu deux veaux orignal qui paissaient le long des andains de branches au fond du bûché. Aussitôt, il avait entrepris une approche. Une carabine aurait mis fin à la chasse, mais l’arc a ses exigences de proximité! Se faisant passer pour un autre veau orignal, il parcourut environ 200 m jusqu’à être à portée de flèche (environ 35m). Il banda son arc et décocha. À l’entraînement, nous maîtrisions avec constance les tirs à une telle distance. Hélas! Sylvain rata. La flèche piqua l’os de la hanche et retomba presque aussitôt de l’animal. Heureusement, la blessure fut sans doute mineure.

Que s’était-il passé? Nervosité, vêtements amples, mauvaise décoche? Nous ne le saurons jamais, mais ce genre de choses arrivent même à un archer aguerri tel que Sylvain.

Sylvain  revint sur la route en se demandant s’il fallait « suivre » le sang. Tout à sa déception, une énorme femelle choisit ce moment pour sortir dans le bûché à une trentaine de mètres de lui. En chasseur responsable, il prit la décision de ne pas tirer sur un second orignal et laissa passer cette occasion en or.

Dans la voiture, nous parlâmes peu. Nous étions déçus, mais à tort. Le tir manqué aurait pu arriver à n’importe qui. Nous avions besoin de sommeil…

30 septembre – jour 3
La troisième journée fut une réplique de la seconde, l’action en moins. Aucun orignal ne se montra le bout du nez. En soirée, de retour au chalet, notre moral était au plus bas puisqu’il ne restait qu’une dernière matinée à notre séjour de chasse.

1er octobre – jour 4
En roulant dans la nuit, j’écoutai pour la énième fois le CD de Michel Breton sur les techniques d’appel de l’orignal. Je notai cependant un détail qui ne m’avait pas accroché auparavant. Michel Breton insistait le fait que les appels devaient toujours être lancés à partir d’un site nourricier. J’en fis part à Sylvain qui me répondit : « Justement c’est ça qu’on va faire ce matin ». Nous avions convenu de chasser dans le bûché.

C’était devenu une routine. En stationnant la voiture, j’attachais mon sac de taille, installais mon déclencheur prenais mon arc et fixais le carquois. En une minute, j’étais prêt à chasser. Nous partîmes à 6 h en marchant tranquillement sur la route qui longeait le bûché. À peine avions-nous parcouru 100 m depuis la voiture qu’un son de femelle orignal nous parvint du fond du bûché, sur notre gauche. Nous n’avons pas de doute…

Je donnais un coup de coude à Sylvain pour lui faire signe de faire demi-tour; un sentier large et bien dégagé de 200m traversait un rond de feuillus matures avant d’aboutir au bûché lui-même. Nous nous y engageâmes silencieusement avec un vent de face. Tout était parfait!

Arrivés de l’autre côté, avant de sortir à découvert, nous tendîmes l’oreille. C’était subtil, mais il nous semblait entendre au loin des bruissements de pas, quelques brindilles qu’on cassait, un panache qui glissait sur une branche…

Après une minute ou deux, je lançai un premier appel de femelle en œstrus. Et aussitôt, WAAARRF! Un rot de guerre! Les cheveux nous dressèrent sur la tête! (Quand j’ai voulu reproduire ce son à Sophie, une fois de retour à la maison, mon petit garçon de 4 ans a fondu en larme tant il était terrifié!)

Revenons à l’histoire. Une femelle orignal parut aussitôt en marchant rapidement vers nous avant de s’immobiliser à environ 100m. Puis nous vîmes le buck qui la dépassa et qui s’arrêta à 70 m environ. Il prêta le flanc pendant quelques instants. Je lançai un nouvel appel de femelle et obtins encore une fois le rot de guerre en guise de réponse. Quel animal gigantesque!

Je fis signe à Sylvain d’utiliser la corne d’orignal à notre disposition pour faire du « rattling » afin de provoquer le mâle et le faire approcher davantage.

Nous n’avons pas passé le test. Les orignaux s’en allèrent calmement. Une mauvaise communication entre nous et des erreurs de débutants. Tout était allé si vite…
Faible luminosité, stress et zoom déployé. Désolé pour la mauvaise photo, mais c'est la seule que je me suis autorisé à prendre!
Sur le coup, nous étions très déçus. Mais d’un autre côté et avec un peu de recul, ce fut un contact extrêmement privilégié avec les orignaux et une méchante décharge d’adrénaline! De retour à la maison, je me questionnai sur la réponse inhabituelle, le rot de guerre, que nous avions entendue. En questionnant mes pairs sur le forum de chasse, on m’apprit que ce son provenait en fait de la femelle qui était jalouse de son mâle. Si j’avais su cette information, je n’aurais pas fait signe à Sylvain de faire du rattling… On ne pouvait revenir en arrière, ce qui était fait était fait. Ne restait plus qu’à retenir la leçon au cas où une telle situation venait qu’à se reproduire.

En résumé, nous sommes revenus bredouilles de notre séjour de chasse. À chasser avec un arc, le niveau de difficulté fut maximal. Le bilan est somme toute positif avec 7 orignaux aperçus. Peu de chasseurs peuvent en dire autant. Restera la saison de chasse à la carabine qui commencera le 12 octobre prochain. C’est à suivre!






1 commentaire:

  1. Wow Thierry superbe récit !!!! si la température est de votre côté, à la carabine ça devrais bien alller .

    Ian

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