Les
conditions étaient là; le thermomètre indiquait ‑22°C, le vent était à moins de
10 km/h et la neige était aussi dure que de la glace… et j’étais en congé! C’était
idéal. J’arrivai donc à la ferme vers 6 h 05. Dans l’étable, la
besogne était sur le point de commencer et le ciel étoilé était toujours
obscure. Puisque j’ai désormais l’habitude de cette chasse, mes gestes étaient
rodés, machinales ; je chargeai mon arme, pris mes leurres (auditif et
visuel) puis commençai ma marche.
Je
pus faire mon approche presque silencieusement et sans effort. Par endroit, le
champ était sans neige, ce qui était tout-à-fait inhabituel à cette date de l’année
au Québec! Le seul endroit où je pouvais me cacher, et ce n’était pas parfait,
était un bord de ruisseau situé à environ 200 mètres du boisé principal.
C’était proche, mais je n’avais pas d’autre possibilité. Conséquemment, je
positionnai mon appeau électronique Foxpro dans les broussailles le long du
ruisseau de façon à le rendre invisible tandis que le leurre visuel Mojo
était tout près dans les hautes herbes; un peu camouflé, mais pas trop tout de
même. C’était la règle, plus l’embuscade se tient proche de la forêt, plus on se
doit de camoufler notre dispositif. Et si on doit chasser à 100 mètres et
moins, il ne faut pas employer d’appelant visuel.
J’allai
ensuite me cacher à quelque 80 mètres en aval du vent et je patientai en
attendant la venue du jour. Après un quart d’heure, la clarté était suffisante
pour commencer la séance. J’envoyai d’abord «Field mouse distress» pas trop
fort. Deux corneilles me survolèrent et je m’amusai à les faire tourner avec un
son de corneille. Après 5 minutes, j’envoyai «Angry jack» pendant 2 minutes.
Puis ce fut le tour de «Dying jack». Ma séance était commencée depuis 12-13
minutes et j’avais les yeux sur ma télécommande en réfléchissant à quel son je
pourrais bien envoyer. Quand je levai les yeux, je fis le saut, un coyote était
là, rendu à 20 mètres de la moumoute!
Je
fis taire le Foxpro, enlevai le cran de sûreté et fis un peu de «lipsqueak». Le
coyote s’immobilisa, la croix du télescope était sur l’épaule, j’appuyai lentement
sur la détente… clic! Rien ne se produisit.
-
MEEEEEERRDE ! Me dis-je à moi-même.
Quand j’avais chargé mon
arme, il faisait noir et je n’étais pas certain de l’avoir bien fait. J’avais
ouvert un peu la chambre pour voir la balle et, constatant qu’elle y était, j’avais
refermé, désamorçant du coup le percuteur. Ce fut là mon erreur.
Revenons au coyote. Il
se remit à galoper en s’éloignant de moi. Il suivait le ruisseau et moi,
j’avais remonté une autre balle. Je criai pour le faire stopper, mais en vain.
Les branches, qui nous séparaient, m’empêchèrent de tenter un tir. Le coyote
s’éloignait… je l’avais perdu. J’eus un brève pensée, comment allais-je raconter
cet échec avec tout l’effort que je déploie à cette chasse?!
Je suivis le coyote des
yeux tant que je pus. Rendu à environ 800 mètres, il se produisit pourtant quelque
chose… À travers mon télescope, je vis le coyote arrêter son galop et marcher
tranquillement pour traverser un pont qui enjambait le ruisseau. Les fortes
pluies de la semaine avaient fait déborder le ruisseau et le froid sibérien qui
s’en était suivi avait créé une véritable patinoire.
Une fois traversé, le
coyote reprit son galop, mais en revenant vers moi! Il n’avait tout simplement pas
osé s’aventurer sur la glace et était remonté jusqu’à ce pont pour traverser
puis revenir ensuite!
J’estimai à 20 secondes
le temps dont je disposais pour me préparer à faire feu. 20 secondes à la
chasse, c’est long. Derrière moi, un léger relief (disons 70 cm sur 100m) limitait
mon champ de vision à une centaine de mètres. Cela eut toutefois l’avantage de
me permettre de bouger sans me faire voir.
Je m’installai à mon
aise et attendis. Je vis d’abord les oreilles au-dessus de la crête. Puis je
fis stopper le coyote avec un peu de «lipsqueak». J’appuyai sur la détente et
cette fois, PAF! Le coyote était par terre!
Une femelle de 44 livres
en pleine santé et étonnamment grasse; y a d’la bouffe dans le secteur! Ma vingtième sortie cette saison-ci et mon
premier coyote aperçu… il faut vraiment y croire pour se lever aux aurores et
partir dans la nuit à -22°C ! Mais bon, il se trouve que j’aime bien la
chasse!
Salut Thierry ;alors la fourrure du deuxieme sera la descente de lit pour le garçon ?
RépondreSupprimerAu prochain récit ! Claude
Salut Claude! Tu as visé juste. Malgré que l'on soit déjà en février, la qualité de la fourrure est très bonne. Pour ce qui est de la couleur, et bien il s'agit du standard de l'espèce.
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T