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jeudi 21 février 2013

Compte-rendu chasse du 19 février 2013 - « Un vraiment bon chasseur »




Une drôle d’histoire que celle-ci!

Le 19 février 2013, j’allai chasser le coyote pour la 26e fois de la saison. Plus tôt au cours de la semaine, j’avais trouvé un nouveau site extrêmement prometteur, mais le vent d’ouest, même léger, de ce matin-là n’y était pas favorable. Et puisque la veille j’avais invité mon ami Ian T[…] à m’accompagner, il me fallait obligatoirement un « plan B ». Bon! J’avais bien quelques sites avec du potentiel en réserve. Je lui avais donc donné rendez-vous à 5 h 25.

Une fois rendus à la ferme et avec mille précautions, nous entamâmes notre approche. La neige était croûtée et rendait hélas nos pas très bruyants. Mais bon, la stratégie que j’avais établie consistait à nous mettre à l’affut dans une série de tas de terre situés à seulement 300m des bâtiments agricoles. Il fallait espérer que le son de nos pas n’atteindrait pas la forêt située au fond du champ…

Ian s’embusqua entre deux monticules de terre tandis que j’allai installer le FoxPro et la moumoute Mojo. Quand je fus parvenu à 80m, je disposai le tout quand soudain, j’aperçus un coyote en maraude quelque 700m plus loin dans le champ. Du coup, mon cœur se mit à cogner fort dans ma poitrine. Que convenait-il de faire? Je n’étais pas prêt et je craignais de me faire déceler; et couper le contact visuel pour battre en retraite me stressait au plus au point…

Je revins tout de même rapidement vers Ian et lui chuchotai : « Y’a un coyote là-bas! » Comme il ne semblait pas réagir, je lui signifiai qu’il conviendrait peut-être de se tourner et de s’installer en position de tir dans la direction que je lui désignais, ce qu’il fit sans trop avoir l’air de me croire! Pendant ce temps, je m’étais installé à ses côtés et j’avais déployé le bipode de ma carabine. Maladroitement, je saisis ma télécommande FoxPro et tâchai d’envoyer un son. N’importe lequel, mais il fallait que ça sorte! J’étais très nerveux à ce moment…

Dès que le son du lièvre en détresse (« Dying Jack ») se fit entendre, Ian me chuchota : « OK, je le vois. Il s’en vient à grand’course. » Je fis taire le FoxPro et alignai ma carabine sur le coyote qui s’amenait rapidement. Parvenu à environ 100m, il s’arrêta net et s’assit, observant le curieux dispositif. La croix de mon télescope était alignée sur son poitrail… mon doigt pressait tranquillement la gâchette… puis je me ravisai : « Ian, tire donc! » Moi, j’avais déjà quelques coyotes à mon palmarès. Pourquoi ne pas faire plaisir à un ami!?

POUF! Ian tira et le coyote tomba raide mort. Inutile de dire que mon partenaire était très content de son premier coyote à vie! Avant qu’il ne manifeste le désir d’aller quérir sa prise, je lui indiquai qu’il y avait maintenant une douille vide dans la chambre de sa carabine… Il réarma et sécurisa son arme.

Nous nous congratulâmes brièvement et j’invitai Ian à reprendre la chasse; peut-être ce coyote n’était-il pas seul dans les environs... J’envoyai, à bon volume, le son du coyote en détresse (« Coyote death cry »). Environ 5 minutes passèrent lorsque Ian me chuchota : « OK, y’en a un de mon côté le long de la forêt. » Et cette lisière devait se trouver à au moins 600m. Je fis taire le FoxPro. Ce coyote avait une coloration très pâle qui contrastait avec le couvert forestier, nous permettant de le distinguer aisément malgré la distance.

Le nouveau-venu s’engagea dans le champ sans toutefois réduire la distance entre nous. J’envoyai « Dying jack » pour 30 secondes, sans effet. J’envoyai « Coyote pup distress », sans effet. J’envoyai « Screaming gray fox », sans effet. J’envoyai « Freaky squeak », sans effet… Le coyote s’asseyait, urinait parfois, jappait à l’occasion (« Challenge bark »), mais il n’approchait pas. Ce n’était pas bon signe! « Qu’est-ce qui se passe? Pourquoi ne vient-il pas? » me demandais-je, perplexe…

Je réfléchis à toute allure. Comment le faire venir? Je repassai en mémoire toutes mes connaissances théoriques et ce fut ainsi que j’eus l’idée d’employer mon appeau à bouche « Primo’s Hot Dog ». Je fis d’abord un hurlement d’invitation. Aussitôt, le coyote eut une réaction qui nous sembla positive. Hélas! Après quelques hésitations, il fit plutôt demi-tour et retourna dans la forêt au pas de course. Ian me chuchota : « Nooooon! On l’a perdu! » De mon côté, je ne m’inquiétais pas trop puisque je me doutais que le coyote tenterait une manœuvre de contournement pour prendre le vent. Seulement, pour nous prendre à revers, il allait devoir à nouveau sortir en plein champ. Notre embuscade était parfaite!

Il reparut, vingt secondes plus tard, exactement là où je m’y attendais. Je refis un hurlement. Cela eut pour effet de le faire approcher encore un peu, mais il était ostensiblement méfiant. Je me disais alors que nous n’aurions d’autres choix que de tenter un tir à longue portée et mieux valait savoir avec précision à quelle distance nous nous trouvions.

– Ian? Sors ton télémètre.
– Non! il va me voir bouger. 
– T’inquiète pas! Bouge lentement, il est trop loin pour nous voir.
– …
– 255 mètres.
– Impossible! Il est beaucoup plus loin que ça! 

Ian aussi était nerveux, le télémètre tremblait dans sa main… Le coyote approcha encore un peu et je rappelai à Ian de ne pas oublier d’enlever le cran de sûreté. Le dénouement était imminent.

La chasse était sur le point d’atteindre son paroxysme lors de l’approche finale, le coyote était à environ 300m, quand tout à coup : POUF!

Ian avait tiré sans m'avertir! « F[…]ck, j’ai accroché la gâchette! C’est donc ben sensible c’t’affaire-là! » Dit-il, penaud. Il venait de commettre une faute grave… et de surcroît un manquement important à la sécurité. J’étais à ce point concentré sur le coyote que je ne réalisai pas la gravité de la faute. Je n’avais pas le temps d’en vouloir à Ian, tout ce que je voyais, c’était le risque de manquer notre chasse…

Le coyote avait évidemment prit la poudre d’escampette. Fort heureusement, il s’arrêta après un sprint d’environ 100m, me donnant ainsi ma chance. J’avais estimé à l’œil la distance à 350m. Je n’avais jamais tiré à cette distance avec ma 204 ruger. « Bouche tes oreilles… » Dis-je à Ian. Je compensai en visant un peu plus haut et POUF! Je laissai partir le coup. Vu le faible recul de ce calibre, je vis, à travers ma lunette d’approche, le coyote qui culbuta spectaculairement et qui bascula hors de notre vue dans une légère dépression. (un « headshot » à 383m après vérification avec le télémètre). Ian lui n’avait rien vu de la scène tant il était mal à l’aise… Moi, j’avais du mal à croire à ce qui venait de se produire!

– Hey! On a réussi un doublé! Dis-je, soulagé, à Ian qui était complètement abasourdi par sa bourde.
– QUOOOOI!? Tu l’as eu? 
– T’as pas vu? Ben oui, je l’ai bien eu!
– Taaabouère! Y’était loin!
– Ouin, pis ça va nous faire une belle histoire de chasse à raconter! Lui dis-je d’un ton moqueur.

Notez ici que je pourrais me vanter d’un tel tir, mais j’admets avoir eu un peu de chance! Je visais bien sûr le poitrail; mais fort heureusement, sa tête était retournée vers nous. Autrement, la balle serait passée trop haute. J’étais impressionné par la trajectoire plane de ce calibre parfois critiqué pour la chasse aux coyotes (certains disent que ça manque de puissance pour tuer proprement un tel animal).

Cette fois, nous nous congratulâmes bruyamment, la chasse était terminée. Ian était hyper heureux d’avoir récolté son premier coyote à vie et moi, j’étais très fier de mon tir. D’une humeur on ne peut plus joyeuse, nous allâmes récupérer nos prises. Le temps pour moi d’aller chercher le second coyote, qu’Ian avait déjà publié la nouvelle sur Facebook!!! J’installai ma caméra sur le trépied du FoxPro afin d’immortaliser ce magnifique tableau de chasse sur photos.

Tout était bien qui finissait bien. Cette histoire s’était déroulée sur une période d’une trentaine de minutes. J’avais réussi à trouver rapidement une solution pour faire approcher un coyote méfiant grâce à mon appeau à bouche, j’avais réussi un tir de récupération sur une très longue distance, j’avais fait plaisir à un ami et j’avais réussi à faire un doublé! Ian, quant à lui, a appris que l’index ne doit pas traîner sur la gâchette en attendant un bon positionnement de l’animal; on place le doigt là seulement pour y faire feu. Son erreur n’a finalement pas eu de conséquences, mais ça aurait pu s’avérer dangereux… 

Mon fils de 3½ ans me dit parfois, pour me faire plaisir je le sais bien, que je suis « un-vraiment-bon-chasseur »! C’était plutôt drôle, mais ce matin-là, je me disais moi-même que j’avais été « un-vraiment-bon-chasseur »!



N.b. Ah! oui, les deux coyotes pesaient précisément 50 livres (22.7 kg) chacun. Le premier coyote récolté (le gris sur la photo) était une femelle. Le second, un mâle, présentait une coloration plus pâle et plus fauve; c'était inhabituel, mais pas exceptionnel à ce qu'on dit.

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